Louis Jouvet ou l’amour du théâtre
Louis Jouvet pose la question « Qu’est ce que le théâtre ? » Il y a la scène et la salle. L’homme va au théâtre car il ne connait rien de la vie, où cela commence où cela fini…
Selon Jouvet c’est l’auteur dramatique qui parle le mieux du théâtre alors il paraphrase Claudel, expliquant que l’homme s’ennuie et que c’est pour cela qu’il va au théâtre, pour se fuir lui-même et se libérer de son angoisse. Mais croyant s’identifier et se connaître il abdique sa propre personnalité, dans cette évasion il éprouve l’idée de se possèder.
»Condamnés à expliquer le mystère de leur vie, les hommes ont inventé le théâtre… qui, pour un instant, semble nous promettre le secret du monde. Il abolit le temps et l’espace, il peut enfermer l’éternité dans une heure ou étendre une heure jusqu’à l’éternité… »
Dans son Propos sur le comédien, Jouvet pointe plusieurs phases par lesquelles le comédien passe.
Il connaît d’abord celle de la vocation, de la sincérité, l’illusion d’être autre qui trouble sa personnalité et son existence.
Puis vient la phase de la désillusion, lorsque le comédien commence à se rendre compte que la possession du personnage est illusoire.
Il découvre alors la simulation, la convention théâtrale et les contraintes. La vérité du théâtre n’est pas une vérité réelle, le spectateur et l’acteur le savent tous les deux.
Enfin, la phase intuitive, rarement atteinte, est celle où la sensibilité du comédien s’égale au sentiment : « Blotti, logé dans l’œuvre, l’acteur vit au sein de cette œuvre une histoire qui s’accomplit avec lui. Il comprend que la création du poète dramatique est un état intérieur, une sympathie révélatrice… Ceci ne peut s’accomplir par la pensée, mais seulement par un état sensible, une pratique secrète du texte par quoi le personnage est délivré… Jusqu’ici l’acteur avait voulu jouer pour être autre ou plus que lui-même. Il joue maintenant pour être mieux. » [Propos sur le comédien, p. 217]
Retour vers la tradition ? Amoindrissement du spirituel, la mort de l’imagination et du merveilleux, vulgarité du langage. « Abandonnée par la poésie, dépouillée de sa magie, cette merveilleuse convention théâtrale que nous avaient léguée les classiques semble à jamais perdue et son caractère spirituel est remplacé par une convention nouvelle : l’invention du « quatrième mur ». Il s’agit donc de tenter de « retourner » à la vraie tradition du théâtre. Si le théâtre d’aujourd’hui tend vers quelque chose, c’est vers une vie où le spirituel paraît avoir reconquis ses droits sur le matériel, le verbe sur le jeu, le texte sur le spectacle. »
Regagner l’intimité avec le public, lutter contre la débauche des décors ou des scènes majestueusement machinées et truquées. Il s’agit de revenir à un plateau épuré, à un décor cherchant au plus juste à manifester « l’état d’esprit » de la pièce.
Les théâtres
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Le Vieux – Colombier – Jacques Copeau, 1913 à 1922
En 1913, il rencontre Jacques Copeau, célèbre intellectuel du début du XXème siècle et propriétaire du Vieux Colombier. Copeau l’engage en 1913 comme régisseur général au théâtre du Vieux-Colombier ; l’aventure durera neuf ans et le marquera pour la vie. A la fois décorateur, électricien, menuisier, il devient le bras droit de Copeau. Il renouvelle le dispositif scénique et invente un nouveau type de projecteurs appelés aujourd’hui encore les « jouvets ». Accessoirement, il est aussi comédien.Copeau décide de l’y faire travailler en tant régisseur général. Jouvet y apprend ce que sont les métiers de comédien et de metteur en scène.
Le théâtre des Champs -Elysées de 1923 à 1934
L’aventure personnelle de Louis Jouvet commence en octobre 1922 lorsqu’il accepte de diriger la Comédie des Champs-Elysées. C’est là que le 14 décembre 1923 a lieu la première de «Knock». Le triomphe de la pièce est providentiel : lorsque les finances seront à marée basse, une reprise de « ça vous grattouille ou ça vous chatouille ? » sera la recette magique pour retrouver l’équilibre.
La comédie Française
Louis Jouvet refusera à deux reprises de devenir administrateur de la Comédie-Française saisi sans doute par l’inquiétude de ne pas y rester « seul maître à bord ».
En 1936 : L’auteur dramatique Édouard Bourdet est nommé administrateur. Il est assisté par un comité consultatif composé des metteurs en scène issus du Cartel : Jacques Copeau, Gaston Baty, Charles Dullin et Louis Jouvet. Ces metteurs en scène apportent un regard neuf sur les classiques tandis que des auteurs contemporains français et étrangers – Giraudoux, Lenormand, Mauriac, Romain Rolland, Pirandello – font leur entrée en force au répertoire.aisi sans doute par l’inquiétude de ne pas y rester « seul maître à bord ».
Louis Jouvet mettra en scène 3 pièces :
1937 : L’Illusion comique de Pierre Corneille
1938 : Cantique des Cantiques de Jean Giraudoux
1938 : Tricolore de Pierre Lestringuez
Le théâtre de l’Athénée 1934 – 1951

Le Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
Aux richesses architecturales de l’Athénée s’ajoute un inestimable patrimoine artistique : la figure de Louis Jouvet qui dirigea ce théâtre de 1934 à 1951, date de sa mort, a profondément marqué un lieu qui lui rend hommage en portant son nom. Ce grand acteur populaire, chéri du cinéma, était avant tout un homme de théâtre.
De cet art, avant de devenir le metteur en scène et le comédien que l’on sait, il aura exploré tous les recoins : machiniste, costumier, accessoiriste, peintre et éclairagiste. Rien d’étonnant de la part de celui ..qui se plaisait à dire que « l’humble connaissance de la pratique est le chemin le plus sûr pour aller à la vérité ». La leçon d’exigence d’une personnalité sans concession, qui aura su défendre tant la création contemporaine (Giraudoux) que la redécouverte des classiques (Molière, Corneille…), et dont l’ombre habite toujours la salle à l’italienne qu’il aima entre toutes.

Le théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, aujourd’hui
Sa rencontre avec cette salle est pour lui une expérience forte qui lui permit un renouvellement de son art dramatique. Le rapport intime qu’offre une salle à l’italienne entre la scène et les spectateurs aura influencé sa manière de faire du théâtre. Conscient des limites de l’« ordre shakespearien », il s’extasie sur les vertus de l’« ordre italien » et plus particulièrement sur la mécanique de cette puissante machine à décors.

Le bar de l’Athénée, aujourd’hui
Il créa notamment L’Ecole des femmes avec la complicité de l’artiste plasticien Christian Bérard qui inventa le décor des « murs ouvrants » permettant de représenter à la fois les murs de la maison d’Agnès et le jardin et la place publique où se déroule une bonne partie de l’action.
La mise en scène de Jouvet comme la scénographie développée par Bérard séduisent le public ; le décorateur fait preuve d’inventivité en créant des costumes d’un style nouveau et un décor mobile qui permet de figurer deux lieux simultanément. Il garde un plateau assez épuré, persuadé que le détail, la discrétion attirent le regard plus qu’un décor massif. Par la suite on retrouve cette sobriété -notamment Dom Juan ou le Festin de Pierre en 1947- qui rejoint la conception de Jouvet d’un théâtre au service de l’auteur, de son texte.
Le théâtre de l’Athénée après Louis Jouvet
Extraits du site http://www.athenee-theatre.com/athenee/historique.cfm
Dans les années qui suivent la disparition de Louis Jouvet, d’autres grandes personnalités ont investi, l’espace d’un ou plusieurs spectacles, le plateau de l’Athénée : Peter Brook, Jean Vilar, Claude Régy, Matthias Langhoff, et des acteurs comme Pierre Brasseur, Maria Casarès et Jeanne Moreau.
Puis, la direction novatrice et éclectique de Pierre Bergé, entre 1977 et 1982 voit l’ouverture, sous les combles de l’Athénée, d’une petite salle baptisée du nom de Christian Bérard et consacrée principalement au théâtre d’essai.
En 1982, Pierre Bergé alors directeur de ce théâtre privé en offre la tutelle au Ministère de la Culture et de la Communication.
Le 1ere juillet 1993, Patrice Martinet, fondateur du Festival Paris Quartier d’été, qui prend la direction de l’Athénée , affirme une nouvelle politique artistique. L’Athénée trouve désormais sa place entre tradition et modernité en revendiquant deux caractéristiques fondamentales : qualité littéraire et dramatique des textes représentés et prééminence du jeu de l’acteur.
Patrice Martinet profitera du centenaire de l’Athénée, en 1996, pour engager une très importante campagne de travaux visant à retrouver tant la splendeur de son architecture et de son décor qu’un équipement scénique remis en état et capable de mieux servir encore la création théâtrale.
2015/16 – Aujourd’hui, de nouveau l’Athénée, est fermé pour permettre d’effectuer d’importants travaux de rénovation.
Vous pouvez suivre les avancements des travaux sur le blog de Clémence Hérout
http://www.athenee-theatre.com/
A reblogué ceci sur La tentation d'écrire.
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