Livres autour de Louis Jouvet
Léo Lapara, Dix ans avec Jouvet, autobiographie, Paris, France Empire, 1975. ISBN : 2841145395
Cinquante ans après sa disparition, le partenaire légendaire d’Arletty dans Hôtel du Nord, le flic méticuleux de Quai des Orfèvres, le serviteur de Molière, de Jean Giraudoux, de Marcel Achard, de Jules Romains qui lui offrit d’être le docteur Knock, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Enfant docile, né en Bretagne le 24 décembre 1887, il passe une adolescence studieuse dans les Ardennes. À dix-sept ans, il monte à Paris, où il suit des études de pharmacie. Mais, déjà, Jouvet est habité par l’art du théâtre. Quand la guerre éclate, il doit gagner le front, combattre. Et puis, sa carrière reprend, avec fougue. Tour à tour, Louis Jouvet devient metteur en scène, directeur du théâtre de l’Athénée, professeur au Conservatoire. Les grandes rencontres s’enchaînent : compagnon de Jacques Copeau, ami et complice de Jean Cocteau, Charles Dullin, Pierre Renoir, Henri Jeanson ou Christian Bérard… De 1941 à 1945, Louis Jouvet est encore l’artisan d’une tournée théâtrale le conduisant en Amérique du Sud. De cette formidable épopée, unique en son genre, subsistent toutefois quelques zones d’ombre. Ne fut-il pas alors suspecté par les Américains d’être au service du maréchal Pétain, voire de nourrir des sympathies à l’égard de l’Allemagne nazie ? Père de famille attentif, il fut aussi un homme passionné par les femmes. Else Collin, son épouse, Madeleine Ozeray, son Agnès dans L’École des femmes, et Monique Mélinand, sa dernière compagne, jouèrent un rôle essentiel dans sa vie. Dans cette biographie, fondée sur des témoignages, des correspondances, des archives inédites, dont certaines proviennent du FBI et du régime de Vichy, Jean-Marc Loubier raconte au quotidien l’inimaginable roman que fut la vie de ce comédien unique, qui n’eut que deux ambitions : servir son art et devenir » un type bien « .
Denis Rolland, Louis Jouvet et le théâtre de l’Athénée, 1939-1945, « promeneurs de rêve » en guerre, Paris, IUF-L’Harmattan, 2000, 480 p.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Louis Jouvet est au sommet de sa gloire, au théâtre, au Conservatoire, au cinéma.
Après l’armistice, la troupe de l’Athénée sort, en 1941, de Paris occupé pour des tournées en Suisse et en zone libre. Puis elle part au printemps pour l’Amérique latine, joue dans onze pays, du Brésil et de l’Argentine au Chili, à la Colombie, à Cuba, au Mexique… De 1941 à 1945, l’Athénée donne ainsi plusieurs centaines de représentations, crée de nouvelles pièces, ranime partout la flamme de la culture française.
En 1941 et en 1942, il s’agit d’une mission officielle, de la principale action de propagande culturelle extérieure financée par l’Etat français. En 1945 pourtant, l’acteur et quelques fidèles sont accueillis à Paris comme des héros de la France libre ; ils sont félicités par de Gaulle pour leur remarquable » ambassade itinérante « . Depuis, le discours a été unanime sur la résistance culturelle et » l’exil » de Jouvet.
Une documentation considérable, collectée de part et d’autre de l’Atlantique, permet d’écrire l’histoire – ici de la France au Brésil – de cette extraordinaire odyssée de l’Athénée-Louis Jouvet, sur le modèle de l’Illustre théâtre de Molière. Elle est histoire de Vichy, de la France libre, de l’exil français et de la mémoire de la guerre ; histoire du théâtre français, de la francophilie dans le monde et des propagandes culturelles ; histoire des relations entre culture et politique : en France, en Suisse comme en Amérique latine…Une centaine de photographies inédites illustre cet itinéraire exceptionnel.
Marie-Françoise Christout, Noëlle Guibert, Danièle Pauly, Théâtre du Vieux Colombier, 1913-1993, Norma, 1993.
Madeleine Ozeray, A toujours Monsieur Jouvet – Editeur Buchet Chastel – 1987
« Avec un art simple et subtil qui fait penser au Nerval de Sylvie », écrit Marcel Aymé dans sa préface, celle qui sera toujours « Ondine » évoque ses souvenirs et surtout le souvenir de l’étrange et fascinant Louis Jouvet, pour lequel elle a été Tessa, Ondine, Agnès. Dans ce récit qui se lit « presque comme un conte », remarque Marcel Aymé, elle en trace un portrait pittoresque, énigmatique, inoubliable. Il faut lire ce livre souriant, poétique et grave.
Colette Godard, Noëlle Guibert, Jean-Paul Midant, Paul-Louis Mignon, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Norma, 1996.
Paul-Louis Mignon, Louis Jouvet : un homme de science du théâtre : les années d’apprentissage, Éditions de l’Amandier, 2009.
Claude Cézan, Louis Jouvet et le théâtre d’aujourd’hui, Paris, Émile-Paul Frères, 1948.
Jean-Marc Loubier, Le Patron
Cinquante ans après sa disparition, le partenaire légendaire d’Arletty dans Hôtel du Nord, le flic méticuleux de Quai des Orfèvres, le serviteur de Molière, de Jean Giraudoux, de Marcel Achard, de Jules Romains qui lui offrit d’être le docteur Knock, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Enfant docile, né en Bretagne le 24 décembre 1887, il passe une adolescence studieuse dans les Ardennes. À dix-sept ans, il monte à Paris, où il suit des études de pharmacie. Mais, déjà, Jouvet est habité par l’art du théâtre. Quand la guerre éclate, il doit gagner le front, combattre. Et puis, sa carrière reprend, avec fougue. Tour à tour, Louis Jouvet devient metteur en scène, directeur du théâtre de l’Athénée, professeur au Conservatoire. Les grandes rencontres s’enchaînent : compagnon de Jacques Copeau, ami et complice de Jean Cocteau, Charles Dullin, Pierre Renoir, Henri Jeanson ou Christian Bérard… De 1941 à 1945, Louis Jouvet est encore l’artisan d’une tournée théâtrale le conduisant en Amérique du Sud. De cette formidable épopée, unique en son genre, subsistent toutefois quelques zones d’ombre. Ne fut-il pas alors suspecté par les Américains d’être au service du maréchal Pétain, voire de nourrir des sympathies à l’égard de l’Allemagne nazie ? Père de famille attentif, il fut aussi un homme passionné par les femmes. Else Collin, son épouse, Madeleine Ozeray, son Agnès dans L’École des femmes, et Monique Mélinand, sa dernière compagne, jouèrent un rôle essentiel dans sa vie. Dans cette biographie, fondée sur des témoignages, des correspondances, des archives inédites, dont certaines proviennent du FBI et du régime de Vichy, Jean-Marc Loubier raconte au quotidien l’inimaginable roman que fut la vie de ce comédien unique,qui n’eut que deux ambitions : servir son art et devenir » un type bien « .
Correspondance: (1911-1949) Broché – 31 octobre 201de
Ce volume rassemble pour la première fois l’intégralité de la correspondance échangée entre deux hommes de théâtre hors du commun, Jacques Copeau (1879-1949) et Louis Jouvet (1887-1951), dont l’influence n’a pas cessé de nourrir les pratiques contemporaines. Ce qui les unit d’abord, au-delà d’un compagnonnage exemplaire qui les verra côte à côte au Théâtre du Vieux-Colombier de 1913 à 1922, fut le rêve d’une fraternité artistique idéale, d’une utopie théâtrale. Que les circonstances, différends ou querelles d’amour-propre aient fait dégénérer cette mystique, personne ne le contestera. Mais des premiers spectacles de 1913 à l’aventure mouvementée des deux saisons américaines, en passant par la réalisation des dispositifs fixes des scènes new-yorkaises et parisiennes ou leurs échanges sur « la comédie nouvelle » et sur l’éducation originale du comédien des temps modernes, le dialogue entre Jacques Copeau et Louis Jouvet révèle la complicité émouvante qui les a liés, notamment pendant la Première Guerre mondiale. Leurs lettres composent donc un récit unique, celui d’un don de chacun à l’autre, et cela même après le départ de Louis Jouvet du Vieux-Colombier. Jacques Copeau, alors retiré en Bourgogne à la recherche de formules dramatiques inédites, reste le « patron », auquel le cadet, devenu à son tour un des animateurs incontestés de la scène parisienne, rendra hommage jusqu’à sa mort, en octobre 1949.
Marc Véron, Louis Jouvet ou le grand art de plaire : Histoire d’une société théâtrale,
Éditions l’Entretemps, 2015 (ISBN 978-2-35539-197-2).
Nous avons résolu d’interroger le directeur de théâtre qui, de 1925 à 1951, prendra successivement à son compte les destinées de la Comédie des Champs-Élysées et de l’Athénée. À partir du 7 octobre 1925, l’artiste pur Jouvet trace son sillon en l’inséparable compagnie du Jouvet chef d’entreprise, son double. Contrairement à ce que prétend Dullin dans le programme du Théâtre de la Cité : «Le théâtre n’est pas un commerce mais un art», le théâtre est un commerce et un art. Le Code de commerce (art. 632, al. 6) se prononce sans ambiguïté : les théâtres, de la même façon que les concerts, les music-halls, les cirques, les cinématographes, les postes privés de radiodiffusion (et de télévision) sont considérés comme des établissements commerciaux. Le directeur d’un théâtre privé, qui se refuserait à en assumer les conséquences, serait voué à disparaître et à subir les affres des procédures en liquidation ou en faillite. Copeau doit cesser son activité en 1924, et cela, n’en déplaise aux justifications qu’il a pu fournir, parce que son exploitation était structurellement déficitaire et qu’il ne pouvait davantage s’en remettre à des mécènes du soin de boucler ses fins de mois. Sans les concours de l’État, Pitoëff aurait dû mettre la clef sous la porte, dans les mois qui ont précédé sa mort, et Dullin, chassé du Sarah-Bernhardt par les autorités municipales, a terminé sa vie privé de théâtre. Marc Véron
Eve Mascarau, Louis Jouvet, ISBN : 2330023928 Éditeur : Actes Sud (2013)
« En m’interrogeant, je découvre ingénument que je souhaite écrire sur notre métier le livre que j’aurais voulu trouver quand j’avais vingt ans… » Louis Jouvet, connu pour ses nombreux rôles de cinéma, maître revendiqué par Strehler et Vitez, s’est toute sa vie interrogé sur l’essence du théâtre et le sens de sonmétier. Entré dans la profession par la régie, Jouvet a aussi exercé les activités de décorateur, scénographe, créateur de lumières, comédien et metteur en scène. Pour cet artisan du plateau, l’attention devait porter sur chaque élément du spectacle, du plus petit détail de la représentation au jeu de l’acteur et, par-dessus tout, au texte, substrat indispensable à tout travail. Eve Mascarau a ici sélectionné des notes personnelles, des articles, des conférences, etc. qui prennent la forme d’aphorismes, de questionnements, de discours ou de récits. Ces extraits, inédits ou épuisés pour la plupart, témoignent de la démarche intellectuelle et artistique de Jouvet, homme de théâtre complet .
Isabelle Stibbe , Bérénice 34-44
(Prix Simone Veil 2013, Prix des Grandes Ecoles 2013, Prix ENS Cachan 2013)
Bérénice 34-44 est son premier roman.
1934. Malgré l’hostilité de ses parents, Bérénice, 15 ans, est admise au Conservatoire, dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l’apprentissage des grands rôles du répertoire et par ses rencontres avec des acteurs de renom… Trois ans plus tard, elle entre à la Comédie-Française et prend le nom de Bérénice de Lignières. Rien ne peut entacher son bonheur, ni la montée du fascisme en Europe, ni les rivalités professionnelles ou amoureuses. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. Dénoncée par une lettre anonyme, Bérénice – son père est né dans un shtetl russe – est rattrapée par son passé. Sous les ors et velours de la Comédie-Française va se jouer un drame inédit, celui d’une actrice célèbre, prise au piège d’une impitoyable réalité. Un premier roman maîtrisé et captivant, lauréat de nombreux prix.
Ouvrage dirigé par Eve Mascarau
Louis Jouvet Artisan de la scène penseur du théâtre aux Éditions « Deuxième Époque »
« Sur Jouvet, je ne peux plus rien dire, parce que tout ce que je voulais dire a été dit. J’aime Louis Jouvet — je ne sais pas comment on peut expliquer l’amour — j’aime Louis Jouvet depuis que je l’ai lu. Il n’y a pas une ligne que je récuserais, c’est ça la maladie de l’amour. « Débarrasse tout, enlève tout, ne joue pas, dis le texte » : je me souviens de ces passages où il dit de se désincarner, d’enlever tout ce qu’on a à l’intérieur et d’y mettre la poésie dramatique et de la respirer ; je ne pouvais qu’être ravi et trouver cela invraisemblable de beauté. »
Jean-Louis Hourdin, ‘J’ai été élevé à la mamelle’, dans Ève Mascarau (dir.), » Louis Jouvet. Artisan de la scène, penseur du théâtre », à paraître en mars 2018 aux éditions Deuxième époque !
Photographie de couverture : Louis Jouvet sur le Tabasco en 1944.
© Archives personnelles de la famille Jouvet.
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