Comment devient- t-on Louis Jouvet, homme de théâtre ?
Jules-Eugène Louis Jouvet est né le 24 décembre 1887 à Crozon, dans le Finistère, où ses parents viennent de s’installer avec leurs deux autres fils Edmond et Gustave. Dans son enfance de par la profession de son père qui est conducteur de travaux publics, il sillonne la province vivant souvent chez les contre-maîtres de son père. Il saura apprécier le travail de ces simples artisans avec lesquels il aura plus tard des rapports privilégiés avec les machinistes, électriciens, accessoiristes…

Louis 4 ans, en haut à gauche avec ses frères: Edmond né en 1883 et Gustave né en 1885
Dans une petite école en primaire Il découvre Molière et plus tard Beaumarchais dans collège religieux à Lyon , sa vocation était née. En 1901, la tragédie frappe la famille Jouvet le père Louis est écrasé sous un rocher alors qu’il supervisait le creusement d’un tunnel. Sa mère, née Eugénie Séjournet, amène sa famille vivre avec elle chez son frère qui est pharmacien à Rethel. Bientôt, Louis devra choisir une profession, et toute sa famille entend bien qu’il deviendra lui aussi pharmacien, comme son oncle. En attendant, il poursuit ses études au Collège Notre-Dame, où le chanoine Morigny, passionné de théâtre, anime avec intransigeance la troupe du collège. Louis bientôt néglige ses études tellement il est préoccupé par cette nouvelle passion, et il voudrait bien en faire sa carrière.
Après son Bac obtenu à 17 ans, il part à Paris entreprendre des études pharmaceutiques selon le souhait de sa famille. Il partagera son temps entre les études de pharmacie , qu’il mènera à bon port obtenant une mention très bien et le théâtre qui accapare son temps libre.
Il sera recalé trois fois au concours d’entrée au Conservatoire

Louis Jouvet
(alors qu’il en sera l’un des professeurs les plus célèbres en 1937), Louis Jouvet dirige dès 1908 le « Théâtre d’Action d’Art » où il se produit sous le nom de Jouvey (par égard pour sa famille) dans «Andromaque» ou «Le misanthrope» …
S’il avait eu des problèmes d’élocution hésitante dans sa jeunesse qu’il aurait surmontés sans doute au théâtre en hachant ses phrases, il n’était certainement pas bègue comme il est souvent rapporté. Dans l’intimité et lors de nombreux colloques et interventions sa diction est différente de celle adoptée au théâtre et au cinéma. Dès L’Amour médecin (1913), la critique le repère dans un numéro comique de médecin bègue. C’est là que naît, d’après André Degaine, « … la légende selon laquelle sa diction si particulière masquait un bégaiement naturel ». Dans La nuit des rois (1914), Copeau utilise à plaisir sa «savoureuse naïveté».
Philippe Muray, Eternité de Louis Jouvet à propos de sa diction..
« Au commencement est le discontinu construit de son style. Avant ce qu’il va dire il y a sa diction, qui est à ce qu’il va jouer ce que la vision préconçue d’un grand peintre est au motif qu’il affronte. Tous les dialoguistes se sont rués pour lui mettre des phrases dans la bouche, et les voir retranscrites par fragments et débris dans le marbre noir et net de son articulation pré taillée. Ils se sont bousculés pour lui donner des répliques à casser. À tronçonner. À hémisticher. À retransformer en morceaux choisis et de bravoure.
Mais ils n’ont pu lui confier que ses phrases à lui. Tous les dialogues de Jouvet sont signés Jouvet. Personne, à part lui, n’aurait jamais pu dire, dans entrée des artistes, de cet air dégoûté de brochet déterré:« Au théâtre, le public paye pour avoir l’illusion qu’il est au théâtre. » II est l’anti-accord parfait personnifié, l’homme qui joue par lui-même comme on pense par soi-même. [..]La ponctuation est balayée ici, précipitée ou multipliée là, sur accentuée ailleurs. Il trouve des hémistiches où les autres ne verraient rien. Les pires navets, par lui hachés, deviennent méconnaissables. Il a créé un art oratoire sans surcharges affectives, sans bons sentiments abusifs, sans.escroquerie à l’âme, sans redondance. Il peut jouer n’importe quel rôle, il le transforme en rituel.Les mélos les plus inintéressants se mettent à en trembler. » –Philippe Muray
Léo Lapara, comédien qui fut son secrétaire et son ami pendant les dix dernières

Else Jouvet avec sa premère fille Anne-Marie
années de sa vie, comparait son phrasé à l’alphabet morse :point, trait, point, trait.
Le 26 septembre 1912, Louis Jouvet se marie à Copenhague avec Else Collin, une jeune danoise rencontrée à Paris. Jeune fille au pair, elle s’occupe des enfants de Jacques Copeau, metteur en scène d’avant-garde bien décidé à rénover le théâtre ronronnant de ce début de siècle.
1914 : la France entre en guerre. Il ne sera pas présent à la naissance de sa fille Anne-Marie, née en octobre 1914. Else lui donnera encore deux autres enfants; Jean-Paul en 1917 et Lisa en 1924. Il aura 4 petits enfants , Sylvie, Eric, Julie et Pierre.
Le Vieux – Colombier – Jacques Copeau, 1913 à 1922
Il rencontre Jacques Copeau, célèbre intellectuel du début du XXème siècle et propriétaire du Vieux Colombier. Copeau l’engage en 1913 comme régisseur général au théâtre du Vieux-Colombier ; l’aventure durera neuf ans et le marquera pour la vie. A la fois décorateur, électricien, menuisier, il devient le bras droit de Copeau. Il renouvelle le dispositif scénique et invente un nouveau type de projecteurs appelés aujourd’hui encore les « jouvets ». Accessoirement, il est aussi comédien.Copeau décide de l’y faire travailler en tant régisseur général. Jouvet y apprend ce que sont les métiers de comédien et de metteur en scène.
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate, Louis Jouvet est mobilisé comme ambulancier, puis comme médecin auxiliaire.
Lorsque la France entre en guerre, Jouvet s’engage comme volontaire bien que non mobilisable (Exempté par le conseil de révision de Rethel – Ardennes classe 1907 – 20/08/1914 – comme impropre au service armé ou auxiliaire, vraisemblablement pour des problèmes cardiaques). Il est pharmacien, on aura besoin de lui. Travaillant comme infirmier auprès des blessés et des mourants à la Somme, il est absent lors de la naissance de sa fille. Il continue néanmoins de penser au théâtre et d’entretenir une correspondance avec Copeau à ce sujet. La machinerie, l’électricité, l’architecture, les éclairages et les décors, sont des choses qui l’obsèdent. Il écrit, « Je pense tout le temps, alors quelquefois, à force de penser dans tous les sens, je trouve quelque chose de juste. »
Transféré à l’Oise, il lit, récite des vers aux mourants qu’il soigne. Et il prie. (Giraudoux s’inspirera des prières pour les morts de Jouvet pour une scène de La guerre de Troie n’aura pas lieu.)
C’est à cette époque qu’il lit Introduction à la vie dévote de Saint-François, et y trouve l’amorce de sa mise en scène du Dom Juan de Molière.
Durant ces mois où il était au front, Else, son épouse d’origine danoise (tout comme Agnès, la femme de Copeau) a pu compter sur le soutien financier et affectueux du fondateur du Vieux-Colombier. Car Copeau a véritablement pris à cœur le rôle de protecteur que Jouvet, de huit ans son cadet, lui avait spontanément confié depuis leur rencontre en 1911. « Mon patron » ou « Mon bon patron », écrivait Jouvet au début de ses lettres. À quoi Copeau répondait par « Mon petit » ou « Mon bien cher garçon ».

Anne-Marie Forrer-Jouvet
En outre, les relations filiales amorcées par les deux hommes avant-guerre ont été affermies par la naissance d’Anne-Marie la fille aînée de Jouvet, dont Copeau a été le parrain.
Inlassablement, sous la mitraille, Jouvet concevait des dispositifs scéniques simplifiés. Il illustrait d’ailleurs ses longues missives de dessins et de schémas qui ravissaient Copeau. Le soldat a également nourri de ses réflexions le projet de Copeau d’ouvrir une école de comédiens prônant un retour aux principes de la commedia dell’arte et de l’improvisation
Après une période au front, en 1916, où il prendra part à l’offensive de la Somme, sa santé et son moral périclitent. Diagnostic: maladie de cœur, endocardite. Finalement démobilisé, Jouvet reste marqué par son expérience de guerre. Il est souvent agressif, désagréable, il a du mal à dormir…
Garrick’s Theatre New York – 1916
Eté 1916, Philippe Berthelot, diplomate, ami intime de Paul Claudel, a proposé à Copeau d’organiser une tournée de la troupe du Vieux-Colombier aux U.S.A. C’était une chance pour la troupe ! Jusqu’à ce Jouvet retrouve Copeau à New York, leurs lettres débordent de bonheur. En avril 1917, Jouvet écrivait à Copeau: « Je nage de joie. Je vis de toutes vos nouvelles. » Clemenceau demande à Jacques Copeau de promouvoir le théâtre français des États-Unis. Copeau y voit l’opportunité de faire revenir ses acteurs du front et de reconstituer sa troupe, mais aussi le moyen de consolider financièrement le Vieux-Colombier.
En octobre, Louis Jouvet partira rejoindre Copeau aux Etats-Unis.
Le succès obtenu n’est pas à la hauteur des attentes ; les relations entre Jouvet et Copeau se dégradent.
Pour plus de détails sur les tournées à New York voir l’article:
Le théâtre des Champs -Elysées de 1923 à 1934
L’aventure personnelle de Louis Jouvet commence en octobre 1922 lorsqu’il accepte de diriger la Comédie des Champs-Elysées. En 1924, Jouvet est maintenant seul aux commandes de son théâtre et peut le gérer à sa guise. Il engage les acteurs que la fermeture du Vieux-Colombier vient de libérer: Valentine Tessier, Romain Bouquet…
Bien qu’il multiplie les créations, Jouvet a de la difficulté à obtenir des succès, et ses coffres se vident. Heureusement, à chaque fois, il peut remettre à l’affiche sa pièce magique, Knock, pour renflouer les finances de son théâtre.
C’est là que le 14 décembre 1923 a lieu la première de Knock. Le triomphe de la pièce est providentiel : lorsque les finances seront à marée basse, une reprise de « ça vous grattouille ou ça vous chatouille ? » sera la recette magique pour retrouver l’équilibre.
En 1927 Madeleine Ozeray fait la connaissance de Louis Jouvet qui lui offre le rôle de la jolie Mariette dans son adaptation de la pièce de Jules Romains Knock (1933). Madeleine quitte Raymond Rouleau et devient la muse et la compagne du célèbre acteur-metteur en scène pendant plus de dix ans alors qu’il est, toujours uni à sa femme Else Collin sans jamais songer à divorcer. Louis Jouvet va la former, afin qu’elle devienne l’interprète idéale d’Agnès de L’École des femmes (1936) de Molière. Elle partage toutes les aventures théâtrales de Jouvet jusqu’en avril 1943
Le Cartel avec Charles Dullin, Gaston Baty et Georges Pitoeff
En 1927, Louis Jouvet monte sa propre association de théâtre, le Cartel des quatre, avec Charles Dullin, Gaston Baty et Georges Pitoeff. Ils se constituent un catalogue de pièces célèbres parmi lesquelles figurent celles de Jean Giraudoux, Jules Romains et Molière. Jouvet devient un homme de scène à part entière et se forge un jeu d’acteur reconnaissable entre mille.
Un an après la rupture du Cartel des gauches, Jouvet rassemble Baty, Dullin et Pitoëff le 6 juillet 1927, au sein de cette association d’entraide, « basée sur l’estime professionnelle et le respect réciproque qu’ils ont les uns pour les autres ». Son but, à la fois artistique et commercial, est de donner une visibilité au théâtre d’avant-garde, contre le monopole du théâtre de boulevard, et de s’élever contre la critique dramatique.
En effet, ces quatre metteurs en scène aspirent au même renouveau du théâtre, inspiré par l’Appel du Vieux Colombier, le théâtre populaire de Firmin Gémier, la mise en scène moderne d’André Antoine et Constantin Stanislavski. Ils se retrouvent dans leur volonté d’une rupture avec le mercantilisme du boulevard, l’adoption d’un jeu plus naturel, la mise en scène d’auteurs contemporains et la prééminence du texte.
Ils organisent une programmation concertée, une politique tarifaire commune. Mais artistiquement, leurs caractères et idées sont trop différents pour une réelle collaboration. Mais la critique identifie ce nouveau courant, et appuie le souffle qu’apporte ce groupe qui symbolisera un nouveau théâtre.
Cette expérience prend fin avec la Seconde Guerre mondiale, en 1939, après que Copeau et trois membres du Cartel (Baty, Dullin et Jouvet) ont été appelés par Édouard Bourdet, en 1936, pour la modernisation de la Comédie-Française.
Il crée son propre répertoire de mimiques toutes plus inoubliables les unes que les autres. Son visage creusé, son regard vif et sa mince silhouette pleine d’élégance contribuent pleinement à son identité de jeu. Ce n’est qu’en 1932, à l’âge de 45 ans, que Louis Jouvet s’essaye enfin au cinéma avec Topaze de Louis J. Gasnier, où il incarne le personnage de professeur qui donne son titre au film. Un an après, il entreprend une adaptation d’une pièce de Jules Romains qu’il a joué sur les planches à plusieurs reprises. Il s’agit de Knock, qu’il coréalise avec Roger Goupillieres. Son rôle de docteur manipulateur lui permet de s’installer dans le nouveau paysage du cinéma français, qui vient à peine de pénétrer dans l’ère du parlant.
Le théâtre de l’Athénée 1934 – 1951

Le Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
Aux richesses architecturales de l’Athénée s’ajoute un inestimable patrimoine artistique : la figure de Louis Jouvet qui dirigea ce théâtre de 1934 à 1951, date de sa mort, a profondément marqué un lieu qui lui rend hommage en portant son nom. Ce grand acteur populaire, chéri du cinéma, était avant tout un homme de théâtre.
De cet art, avant de devenir le metteur en scène et le comédien que l’on sait, il aura exploré tous les recoins : machiniste, costumier, accessoiriste, peintre et éclairagiste. Rien d’étonnant de la part de celui qui se plaisait à dire que « l’humble connaissance de la pratique est le chemin le plus sûr pour aller à la vérité ». La leçon d’exigence d’une personnalité sans concession, qui aura su défendre tant la création contemporaine (Giraudoux) que la redécouverte des classiques (Molière, Corneille…), et dont l’ombre habite toujours la salle à l’italienne qu’il aima entre toutes. Sa rencontre avec cette salle est pour lui une expérience forte qui lui permit un renouvellement de son art dramatique. Le rapport intime qu’offre une salle à l’italienne entre la scène et les spectateurs aura influencé sa manière de faire du théâtre. Conscient des limites de l’« ordre shakespearien », il s’extasie sur les vertus de l’« ordre italien » et plus particulièrement sur la mécanique de cette puissante machine à décors. Il créa notamment L’Ecole des femmes avec la complicité de l’artiste plasticien Christian Bérard qui inventa le décor des « murs ouvrants » permettant de représenter à la fois les murs de la maison d’Agnès et le jardin et la place publique où se déroule une bonne partie de l’action.
Après la tournée en Amérique latine (1941 -1945) Jouvet et sa troupe arrivent à Paris. Mais tout ne va pas pour le mieux pour Louis Jouvet à l’Athénée les Grammont, ses co-sociétaires, ont manigancé pendant les années de guerre afin de le priver de ses pouvoirs à l’Athénée. Encore maintenant, on tente de le tenir à l’écart, et on croit avoir trouver le moyen parfait: programmer une pièce si populaire qu’elle ne quittera pas l’affiche de sitôt. Jouvet se lassera bien d’attendre et devra aller voir ailleurs.
Mais Jouvet pour le moment se contente d’attendre. Il lui faut absolument réussir sa rentrée à Paris, et retrouver son public. Et cette réussite, il croit en tenir la clé dans la dernière pièce de Giraudoux, La Folle de Chaillot.
Il retravaille avec son cher Christian Bérard pour les décors, il auditionne à tour de bras pour combler les 62 rôles que compte la pièce, et le 30 octobre,c’est pour mettre immédiatement en répétition la pièce de Giraudoux, et c’est par fidélité que Jouvet et Marguerite Moreno créent La Folle de Chaillot le 20 décembre 1945. « Nous sommes en retard », écrit Jouvet sur le programme en s’adressant à l’auteur qui n’est plus là.
Une tournée, en 1948, le mène en Egypte et dans l’est de l’Europe. Il étudie Tartuffe, et monte Les Fourberies de Scapin pour Jean-Louis Barrault. C’est pendant les répétitions de cette pièce au théâtre Marigny que Christian Bérard s’écroule en plein théâtre, terrassé par une hémorragie cérébrale. Louis Jouvet se remettra difficilement de la perte d’un ami si cher et d’un si proche collaborateur. D’autant plus qu’il est maintenant le dernier du trio qui avait fait les belles heures de l’Athénée avant la guerre, et que ses compagnons de la première heure, Copeau et Dullin, meurent aussi dans la même année. Louis Jouvet est persuadé que son tour viendra bientôt…
Décès de Louis Jouvet à l’Athénée Jeudi 16 août 1951, Paris.

Bar de l’Athénée
Dans le bureau du directeur du théâtre de l’Athénée, un homme étouffe. Depuis deux jours, celui que tout le monde appelle « le patron » lutte désespérément contre la mort.A 17h 10, deux jours plus tôt, à l’issue de la première répétition de « La puissance et la gloire » de Graham Green, Louis Jouvet s’est senti pâlir avant de ressentir de violentes douleurs à la poitrine. Étendu sur le tapis du palier du bar puis, sur l’ordre d’un médecin, installé sur le divan de son bureau, les douleurs creusent son visage. On lui fait plusieurs piqûres de morphine. La paralysie gagne bras et jambe gauches. A trois heures du matin, il est hémiplégique. Le coma s’installe, de plus en plus profond.Par instant, il parvient faiblement à glisser une parole pour demander s’il pourra encore travailler et jouer. Pendant quarante-huit heures, sa compagne Monique Mélinand et son fils Jean-Paul suivent tous les soubresauts, toutes les phases de cette lutte inégale. Ce 16 août à 20h 30, l’Athénée est orphelin. L’un des géants du théâtre français vient de livrer son dernier combat. Celui d’un homme de 64 ans que rien ne prédisposait à devenir un comédien de légende, un directeur de théâtre incontournable, un formidable animateur de troupe et un découvreur d’auteurs comme Jean Giraudoux ou Jules Romain.
Les tournées de la compagnie Louis Jouvet
Revue de la Société d’histoire du théâtre, Louis Jouvet (1887 – 1951, p.119)
Louis Jouvet sut représenter la France. Il avait en effet conscience de la dignité et du rayonnement de son art . Il était persuadé que le théâtre est un des produits les plus authentiques et les plus originaux de chaque civilisation.
1926 -Tournée Karsenty. France, Suisse, Luxembourg, Hollande, Belgique : Monsieur Trouadec saisit par la débauche, de Jules Romains.
[…]
1941 – 2 Janvier – 27 mai – Suisse : L’École des femmes, de Molière. Knock de Jules Romains.
Tournée en Amérique latine 1941-1945
La tournée latino-américaine de Louis Jouvet et de son théâtre, l’Athénée, entre 1941 et 1945 est devenue dans l’histoire officielle un épisode glorieux du rayonnement de la culture française.
Jouvet est présenté comme un homme de théâtre patriote qui préféra l’exil à la compromission. Le refus de la censure aurait été la noble cause de son départ. Un biographe précise : « Pour ne pas travailler avec l’occupant ».
Pour plus de détails sur la tournée voir l’article : Les tournées
1946 ( 1 3-5 septembre) – Suisse : L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel
1947 (6-16 septembre) – Ecosse : L’école des femmes de Molière. Ondine de jean Giraudoux
1848 (7 mars- 30 avril) – Egypte : L’école des femmes , dom juan de Molière. Ondine de jean Giraudoux, Knock de Jules Romain.
1948 (1er mai 15 juin )- Italie : L’école des femmes de Molière.
1950 (22 février – 25 juin) – Belgique : L’école des femmes de Molière, Knock de Jules Romain.
1951 – (27 février – 13 avril) – Canada , Etats-Unis : L’école des femmes de Molière.
Professeur au Conservatoire de Paris
Nommé professeur au Conservatoire, Jouvet sera un maître vénéré comme en témoigne son protégé François Périer : « Voir Jouvet enseigner, l’écouter, l’observer, était une expérience unique, un festival de brio et d’intelligence théâtrale ». Son esprit caustique est demeuré proverbial : lors du concours d’entrée, une apprentie comédienne s’avance en déclamant « Où suis-je ? » et reçoit cette réponse sans appel « Au Conservatoire… mais pas pour longtemps ! »
Voir également : professeur au conservatoire
Jouvet et le cinéma 1932 à 1951 , 32 films
Jouvet aimait le théâtre plus que le cinéma. Jusque là réticent à l’égard du cinéma, Jouvet se laisse finalement convaincre d’autant qu’il sait bien que ses cachets substantiels lui permettront de parfaire les spectacles présentés à l’Athénée et, tout spécialement, les superbes décors de Christian Bérard.
Au cinéma, il joue dans trente-deux films, dont plusieurs chefs-d’œuvre passés à la postérité : Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot, où il trouve, pour beaucoup, l’un de ses meilleurs rôles ; Hôtel du Nord, aux côtés d’Arletty, célèbre pour son fameux « Atmosphère, atmosphère », et Drôle de drame, dans lequel il donne à Michel Simon la réplique devenue célèbre : « Moi, j’ai dit : « Bizarre, bizarre » ? Comme c’est étrange… […] Moi, j’ai dit : « Bizarre ? », comme c’est bizarre. ». Knock ou Le triomphe de la médecine est porté à l’écran par l’acteur lui-même (avec Roger Goupillières) en 1933 ; Jouvet interprète à nouveau le personnage dans la version de Guy Lefranc en 1951, peu avant sa mort. Il joue dans deux films réalisés par Jean Renoir : Les bas-fonds en 1936, avec Jean Gabin, et La Marseillaise en 1937. Dans L’Alibi, sous la direction de Pierre Chenal, il rencontre pour un face-à-face Erich von Stroheim. Dans Copie conforme, il incarne le chef d’une bande de voleurs qui engage son sosie pour se faire innocenter. Aux côtés de Suzy Delair, Jouvet y tient un double rôle. En 1948, il joue l’inspecteur Carrel, qui enquête sur la mort du truand Vidauban, également son sosie, dans Entre onze heures et minuit de Henri Decoin. Son ami et dialoguiste favori Henri Jeanson met en scène Lady Paname et reforme le duo Jouvet-Delair.
Louis Jouvet meurt le 16 août 1951 à Paris.
L’immense foule rend à l’artiste un hommage à la mesure de son talent et de sa renommée. Louis Jouvet et Marguerite Moreno apparaissent dans un extrait de La Folle de Chaillot, pièce écrite par Jean Giraudoux pour Marguerite Moreno et mise en scène par Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée
Obsèques de Louis Jouvet à l’église Saint-Sulpice à Paris. Marguerite Moreno dans La Folle de Chaillot [Document muet]
L’Adieu à Louis Jouvet Paru Dans L’Ecran Français (1951) :

Obsèques de Louis Jouvet à l’église Saint-Sulpice Paris
Louis Jouvet est enterré au cimetière de Montmartre de Paris – 14ème division
bonjour,
Il me serait agréable de savoir si du point de vue iconographique il existeraient des photographies sur lesquelles figurent Jouvet avec Claudel et Philippe Berthelot et des échanges de correspondances consultables.. Je travaille sur une bio de l’épouse de Ph. Berthelot, Hélène qui a eu un rôle important dans le milieu artistique de l’époque.
Merci bien sincèrement.
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Pour jouvet, je ne sais pas, mais j’espère que vous avez lu le Journal de Mireille Havet, dans lequel Hélène Berthelot tient une place importante.
Cordialement,
Caire Paulhan
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Merci pour ce très bon article, j’ai appris beaucoup de chose sur Louis Jouvet. Un très grand acteur dont la voix à l’intonation si particulière résonne encore dans la mémoires des amateurs de cinéma
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Louis Jouvet a été pharmacien à Bourg-la-Reine, son portrait figure toujours dans cette pharmacie, alors je pense bien souvent à cet immense comédien, qui avait beaucoup de charisme, une grande classe, et je ne me lasse jamais de revoir certains de ses films cultes que je possède chez moi. Bravo cher Monsieur.
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