« Le théâtre ça ne s’apprend pas, ça ne s’explique pas non plus ; ça se vit. »
Jouvet vivra très tôt sa passion, il fait à Paris ses débuts d’interprète, en 1907, dans une société d’amateurs, le groupe d’Action d’art. Sa rencontre avec Jacques Copeau, qui l’engage comme régisseur (et comédien) au théâtre du Vieux-Colombier, en 1913, sera déterminante. Dix ans plus tard, Jouvet signe sa première mise en scène, à la Comédie des Champs-Élysées :
Knock de Jules Romains.

Jules Romain
Jouvet a trente-six ans et le personnage du célèbre docteur
(« Est-ce que ça vous gratouille ou est-ce que ça vous chatouille ? ») le suivra pendant vingt-sept années !
En 1927 a lieu une rencontre qui va illuminer la carrière de Jouvet :

Electre
Celle de Jean Giraudoux, dont il monte Siegfried en 1928. L’univers du poète trouve dans les mises en scène et les interprétations de Jouvet et de sa compagnie (constituée en 1924) son prolongement et une correspondance idéale : Tessa, Electre, La guerre de Troie n’aura pas lieu, Amphitryon 3,Ondine, Intermezzo, Sodome et Gomorrhe, L’Apollon de Bellac et La Folle de Chaillot seront autant d’événements, sur la scène de l’Athénée.

La guerre de Troie n’aura pas lieu
Mais Jouvet monte aussi Marcel Achard (Jean de la Lune, Domino), Jean Sarment (Léopold le Bien-Aimé), Corneille (L’Illusion comique), Molière (L’École des femmes, Tartuffe et Dom Juan), et même Jean Genet (Les Bonnes) et Jean-Paul Sartre (Le Diable et le Bon Dieu), tout en assurant ses cours au Conservatoire, dès 1934. En revanche, il refusera à deux reprises de devenir administrateur de la Comédie-Française, saisi sans doute par l’inquiétude de ne pas y rester « seul maître à bord ». Sa vision du théâtre est simple, en apparence : « Mettre en scène, c’est servir l’auteur, l’assister par une totale, une aveugle dévotion qui fait aimer son œuvre sans réserve. En résumé, la mise en scène est un tour de main, un tour de l’esprit, et du cœur, un comportement de la sensibilité, où doit entrer tout ce qu’il y a d’humain. Pas plus, ni moins. »
Cet effacement devant l’œuvre fera de Louis Jouvet un des metteurs en scène qui ont marqué leur temps. Bien des courants théâtraux se réclament de son influence, jusqu’à l’Actor’s Studio, dont le fondateur, Lee Strasberg, voit en Jouvet le premier metteur en scène « à avoir fait de l’acteur une force créative ».
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