Jouvet au cinéma
Jouvet parvint grâce au cinéma à toucher un vaste public.
Il faisait du cinéma uniquement pour pouvoir faire du théâtre. “Au théâtre, on joue; au cinéma, on a joué », disait-il. Et encore: “Quand on fait du cinéma, il faut prendre une chaise!”
Jouvet aimait le théâtre plus que le cinéma. Cela ne l’empêchera pas de jouer, au cinéma, des adaptations théâtrales saluées par la critique et très appréciées du public : Volpone, avec Harry Baur et Charles Dullin, et les deux versions de Knock.

Henri Jeanson
Fidèle en amitié, il acceptait spontanément de jouer dans un film dont Jeanson avait signé les dialogues, ou encore exigeait un rôle pour ses amis dans les films où il figurait lui-même (cas de Charles Dullin dans Volpone et Quai des Orfèvres). Sa passion du théâtre l’a poussé à jouer dans Entrée des artistes de Marc Allégret, où il tient son propre rôle de professeur de théâtre du Conservatoire et qui est presque un reportage sur l’art de Jouvet ; La Fin du jour de Julien Duvivier, où il incarne un acteur de théâtre complètement habité par ses personnages et qui, confondant réalité et fiction, sombre dans la folie ; enfin Miquette et sa mère, où Clouzot lui a confié le rôle du pittoresque Monchablon, « grand premier rôle en tous genres » et directeur d’une troupe de théâtre ambulant.
Au cinéma, il joue dans trente-deux films, dont plusieurs chefs-d’œuvre passés à la postérité :

Henri Georges Clouzot
Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot, où il trouve, pour beaucoup, l’un de ses meilleurs rôles ; Hôtel du Nord, aux côtés d’Arletty, célèbre pour son fameux « Atmosphère, atmosphère », et Drôle de drame, dans lequel il donne à Michel Simon la réplique devenue célèbre : « Moi, j’ai dit : « Bizarre, bizarre » ? Comme c’est étrange… […] Moi, j’ai dit : « Bizarre ? », comme c’est bizarre. ». Knock ou Le triomphe de la médecine est porté à l’écran par l’acteur lui-même (avec Roger Goupillières) en 1933 ; Jouvet interprète à nouveau le personnage dans la version de Guy Lefranc en 1951, peu avant sa mort. Il joue dans deux films réalisés par Jean Renoir : Les bas-fonds en 1936, avec Jean Gabin, et La Marseillaise en 1937. Dans L’Alibi, sous la direction de Pierre Chenal, il rencontre pour un face-à-face Erich von Stroheim. Dans Copie conforme, il incarne le chef d’une bande de voleurs qui engage son sosie pour se faire innocenter. Aux côtés de Suzy Delair, Jouvet y tient un double rôle. En 1948, il joue l’inspecteur Carrel, qui enquête sur la mort du truand Vidauban, également son sosie, dans Entre onze heures et minuit de Henri Decoin. Son ami et dialoguiste favori Henri Jeanson met en scène Lady Paname et reforme le duo Jouvet-Delair.
On peut distinguer en gros quatre catégories de personnages entre lesquels il va sans arrêt zigzaguer : les dévoyés, les policiers, les grands seigneurs et les originaux à tous crins. Dans la première catégorie, on trouve le baron russe des Bas-Fonds Jean Renoir, 1937, le tenancier sentimental d’Un carnet de bal J. Duvivier, le marlou de Hôtel du Nord , M. Carné, 1938

Marcel Carné
Les trafiquants plus ou moins louches mais qui gardent dans leur » déchéance de l’allure et du détachement dans Forfaiture, M. L’Herbier, 1937; la Maison du Maltais, P. Chenal, 1938; le Drame de Shangai, G. W. Pabst, id.), enfin le misérable charretier de la mort condamné à errer dans l’au-delà dans La Charrette fantôme, Duvivier, 1940.
Les rôles de policier mettent en valeur son sens aigu de l’observation qui lui permet de camper en traits simples et définitifs des êtres qui traînent, bien cachés, des soucis quotidiens, un passé amer et un coeur qui s’ignore. C’est l’inspecteur de l’Alibi (Chenal, 1937), le commissaire perplexe de Entre 11 heures et minuit .

Entre 11 heures et Minuit film d’Henri Decoin, Louis Jouvet
Henri Decoin, 1949, le policier fatigué de Une histoire d’amour (Guy Lefranc, 1951) et l’inoubliable Antoine – Quai des Orfèvres, H.-G. Clouzot, 1947, qui demeure sans doute sa création la plus humaine et la plus sensible.
Cinememorial.com

Henri Decoin
J’ai beaucoup aimé le film « La fin du jour » qui m’avait beaucoup marqué quand j’étais jeune. Et aussi évidemment : « Entrée des artistes ». Ton article me donne envie de le revoir. Merci pour ce blog. Je me délecte à chaque article
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