Correspondance Léo Lapara – Jouvet

Léo Lapara et Jouvet

Léo Lapara, Quai des orfèvres 1947
Léo Lapara est un comédien français né le 25 mai 1909 à Digne-les-Bains et mort le 3 septembre 1995 à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Régisseur et secrétaire de Louis Jouvet, il a publié en 1975 un livre de souvenirs : Dix ans avec Jouvet. Il a été marié successivement aux comédiennes Véra Clouzot (2) et Héléna Bossis. proche parmi les proches de Louis Jouvet, A Rio de Janeiro, il rencontre Louis Jouvet en tournée qui engage le comédien inconnu qu’est Lapara et celui-ci partage ainsi les quatre années de tournée en Amérique du Sud pendant lesquelles la culture française sera dispensée loin du vieux continent.
Lapara est à l’affiche du répertoire habituel de Jouvet : Léopold, le bien-aimé de Jean Sarment, L’annonce faite à Marie de Paul Claudel, Le Médecin malgré lui de Molière, etc. De retour à Paris Léo Lapara, ami fidèle, partagera les dernières années de la vie de Louis Jouvet jusqu’à sa mort , habitant chez lui à certaines périodes , quai Louis-Blériot. Son livre 10 ans avec Louis Jouvet témoigne de leur amitié. Léo Lapara fût non seulement le secrétaire de Jouvet, mais aussi son partenaire et son confident. Il nous l’évoque tel qu’il était avec ses qualités et ses travers ; il nous raconte ses relations orageuses avec les auteurs tels que Anouilh, Sartre, etc.Léo Lapara fût non seulement le secrétaire de Jouvet, mais aussi son partenaire et son confident.
En 1946, Jouvet a besoin de repos et de solitude, il accepte l’invitation de la comtesse Pastré d’aller passer ses vacances dans au château de Montredon sans emmener avec lui Monique Mélinand (3)…
Quelques lettres écrites par Jouvet à Léo Lapara
tirées du livre de Léo Lapara – 10 ans avec Jouvet.
Ce jeudi 18 (juillet 1946).
Mes petits jolis, mon lapin (surnom de Véra), mon léopard. J’écrirai un autre jour … Je suis si fatigué! Les cigales sont ahurissantes et j’ai envie de dormir irrésistiblement. Donnez des nouvelles. Aimez-moi bien parce que j’en ai bien besoin et parce que je vous aime bien, bien, bien.
» Le Patronminet. »
p.189
Le 24 cela fait huit jours que Jouvet a quitté Paris. Il est toujours sans nouvelles de Monique (Mélinand).
Montredon, 26 juillet,
Mon petit lapin
Ton petit quatrain
M’a fait du bien
Du bien!
Mais cette absence est nécessaire. Je travaille le Dom Juan
Avec lenteur et acharnement
[…]
Si Monique ne m’écrit rien.
Je suis une pauvre boussole
Qui perd le nord à chaque instant
[…]
Dis-moi qu’elle va bien, qu’il n’y a pas de drame sa famille…
[..]
» Comprends-moi. J’oscille entre l’angoisse et le dégoût. Je ne te raconte pas ma vie, elle est sans histoire . Je cherche à chaque fois que je peux à inoculer Dom Juan à Bébé(1) et j’en médite avec de plus en plus d’effroi à mesure que j’entrevois des choses que je n’avais pas encore supposées dans cette pièce qui est la plus grande que je connaisse.. »
Adieu. Je t’embrasse bien fort avec notre Léopard.
Ton Patronminet
(1) Christian Bérard
Réédition d’un texte de Boris Kochno, son compagnon, dresse le portrait de celui qui fut le génial décorateur de Cocteau et de Giraudoux.

Christian Bérard, Bébé
Prince sulfureux des nuits parisiennes, clochard céleste, Christian Bérard fut à la fin des années 20, l’ami de Christian Dior et d’autres couturiers qui s’amusaient, et parfois s’inspiraient, de ses tenues vestimentaires excentriques mais toujours élégantes. Ami et collaborateur de Serge Lifar, Louis Jouvet et Jean-Louis Barrault, ces deux derniers lui évitèrent la morgue, lorsque terminant un décor au théâtre Marigny en 1949, il s’écria « c’est fini ! » et tomba raide mort. Ces deux amis le ramenèrent alors chez lui au cinquième étage, le tenant sous les bras et faisant croire qu’il avait trop bu. Une sortie comme une ultime pirouette, raccord avec une vie bien remplie et partagée durant vingt ans avec Boris Kochno, ancien amant de Diaghilev dont il avait pris la succession à la tête des Ballets russes.

Jouvet avec Christian Bérard, Bébé
(2) Véra Clouzot

Véra Clouzot
Fille d’un diplomate brésilien, elle fait la connaissance en 1941 du comédien Léo Lapara, membre de la troupe de Louis Jouvet alors en tournée à Rio de Janeiro. Elle l’épouse peu de temps après et intègre alors la troupe pour une tournée en Amérique du Sud qui durera près de quatre ans avant de regagner Paris à la Libération. Elle continue à se voir confier des petits rôles par Jouvet qui a repris la direction du théâtre de l’Athénée.
En 1947, elle rencontre le réalisateur Henri-Georges Clouzot sur le tournage de Quai des orfèvres auquel participe son mari. C’est le coup de foudre. Clouzot l’engage comme scripte sur son film Miquette et sa mère (1949). Véra divorce de Lapara et épouse aussitôt Clouzot qui lui fait tourner ses trois uniques films : Le Salaire de la peur (1953), Les Diaboliques (1955) et Les Espions (1957). Le réalisateur fonde à cette occasion une société de production qu’il baptise Vera Films en l’honneur de sa femme.
(3) Monique Mélinand

Monique Mélinand
À 20 ans, après avoir effectué sa formation auprès de Raymond Rouleau, elle tente sa chance au Théâtre de l’Athénée où elle rencontre le grand metteur en scène Louis Jouvet. Elle y restera quatorze ans.
Devenue la compagne de Jouvet, elle l’accompagne en Amérique du Sud et en Amérique centrale dans son exil volontaire pour protester contre l’occupant nazi. Revenue en Europe, elle reste auprès de lui jusqu’à son décès survenu en 1951. Elle se joindra au Théâtre des Mathurins, ne quittant les planches que fort tard dans sa vie.
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