SOLUTO
Peintures-Dessins
Qu’on ne s’y trompe pas : c’est la peinture qui dit qui nous sommes. C’est elle qui nous fait. Sûrement pas le contraire.
Blog et site Internet de SOLUTO


Sous cette rubrique figureront, les colloques, les hommages, les commémorations, les conférences qui ont eu lieu récemment et ceux à venir, autour de Louis Jouvet.
Vers Conférence, Louis Jouvet artisan de la scène
Charlotte Delbo
Vers hommage à Charlotte Delbo
Sylvie Dessus. PARIS. FRANCE. 2015/01/21.
Paris, Émile-Paul Frères Éditions, 1952 – Album in-4 broché, 21 cm x 27 cm, 98 pages – Préface de Jean-Louis Barrault – Notice biographique de Claude Cézan – Photos N&B hors-texte de Lipnitzki
L’autre nuit, je rêvais de Jouvet. Il m’arrive souvent de rêver de personnes que j’ai aimées véritablement. Nous étions très près l’un de l’autre, lui me dépassait d’une demi-tête, comme lorsqu’il était vivant, et nous pleurions l’un et l’autre, de cette façon particulièrement déchirante que l’on a de pleurer, quand on rêve. Des pleurs aigus, comme deux enfants.
Préface de Jean-Louis Barrault
La cause de ce chagrin était qu’on voulait lui arracher l’Athénée; on voulait le chasser de son théâtre. Au réveil, mais encore dans un demi-sommeil, je me demandais si ce chagrin n’était pas encore réel et si, dans un endroit inimaginable, Jouvet n’était pas en train de pleurer parce qu’on l’avait chassé de son théâtre. Pour le consoler je lui parlais et il me revenait vaguement à la mémoire ce que j’avais essayé de lui dire si péniblement le jour de ses obsèques. Je lui disais:
« Vous savez bien que vous continuez de vivre en nous, vous savez bien que le monde du théâtre est comme une famille, une famille d’élection. Vous savez qu’on ne vit pas impunément aussi imbriqués les uns dans les autres sans qu’il se forme certaines fibres qui nous empêchent de nous séparer. Les affres, les joies, les sentiments créés que nous épuisons d’un seul souffle, nous amalgament, nous apparentent. Ce mystérieux et sublime métier qui prend ses sources dans l’amour: amour partagé dans la salle, amour échangé sur la scène, intensifie encore notre puissance d’amour, resserre encore nos liens entre vous et nous. Depuis que vous nous avez quittés, chacun, je le sais, entretient en lui-même un sentiment d’amour pour vous.
« C’est que dans notre communauté, vous étiez notre chef de famille, vous étiez le véritable représentant de notre profession, le symbole même du théâtre, la plus belle, la plus noble, la plus intelligente, la plus captivante représentation humaine qu’on puisse approcher dans l’art dramatique de notre pays, et, sans nul doute, du monde entier.[…]
[…]
« Il fallait vous voir vous saisir d’un texte. Comment vous le suciez mot après mot, comment vous l’assimiliez, le pénétriez, le forciez. Puis vous le ruminiez longtemps, instinctivement, amoureusement. Soudain, vous le décortiquiez, vous l’étaliez devant vous, pièce par pièce, vous vous en imprégniez et peu à peu vous arriviez à le respirer; et ce n’est quelquefois qu’après plusieurs années, lorsque vous vous sentiez capable de le recréer littéralement que vous vous permettiez de le présenter. N’avez-vous pas incubé pendant quinze ans « L’École des femmes« ?
C’est par ce travail d’élimination, de choix constant, que vous arriviez à donner à vos spectacles une densité et une irradiation exceptionnelles. C’est avec une telle somme de travail, une telle variété de recherches, une telle exigence dans la dissection et dans l’invention, que vous chargiez, comme « électriquement », vos représentations. Aussi chacune de vos nouvelles créations projetait-elle une force inusitée.
[…]
« Nous nous souviendrons aussi du très grand acteur que vous étiez: de Knock bien sûr, d’Arnolphe surtout, de Dom Juan et dernièrement de votre Tartuffe hallucinant. Mais aussi nous nous souviendrons du Jouvet aérien, charmant, funambulesque que vous étiez dans le « Prof d’Anglais ». Jamais votre présence en nous ne s’effacera de notre mémoire. Comme l’homme de théâtre, l’acteur était complet.
[…]
« Mais nous nous souviendrons surtout de vous parce que de même que l’Art atteint sa perfection quand on ne sait plus si c’est de l’art, de même vous dépassiez le cadre du théatre et vous atteigniez l’humain. Car vous étiez essentiellement un être d’amour: l’amour constant, l’amour âpre, torturant, torturé, dévorant, réglant vos conduites, vos élans, vos retraites, vos morsures, vos jalousies, vos générosités, votre solitude aussi, votre inquiétude. Tout cela était dicté par le seul amour.[…] »
[…]
Ainsi, tandis que je me réveillais, il me semblait lui parler pour le consoler; mais bientôt se superposa dans mon esprit une réponse que Jouvet m’aurait certainement faite. « Le théâtre, m’aurait-il dit, je le considère à présent comme un simple guignol d’enfants, tout cela n’avait aucune importance et j’ai trouvé enfin une sérénité complète… »
Toute notre jeunesse a été formée, étayée et protégée par trois hommes: Jacques Copeau Charles Dullin et Louis Jouvet. Chacun de ces hommes apportait son enseignement particulier qui correspondait à sa propre nature. Copeau nous enseigna les lois, Dullin nous inocula la passion, Jouvet en éprouva constamment la résistance.
[…]
Ce que nous enseignait Jouvet, c’était la foi par le doute, l’invention par le scrupule, la joie d’exercer son métier par l’inquiétude. Et ce qui nous rendait l’enseignement de Jouvet si fort, c’est que Jouvet travaillait sur lui-même comme il travaillait sur les autres. Jouvet payait comptant. Jouvet passa sa vie à s’éprouver lui-même.[…]
[…] Il est vrai qu’il avait l’art de démolir les faibles, et c’était une excellente méthode. Pour lui, les faibles n’avaient rien à voir avec ce métier qu’il avait choisi. Le métier du théâtre, s’il sert un art des plus grands qui soient, s’exerce bien souvent dans la profession la plus absurde. Et il était bon qu’un maître comme Jouvet nous enseignât à ce point le scrupule. Il renonçait à paraître le poète et l’artiste qu’il était authentiquement.[…]
[…] Jouvet souffrit toute sa vie. On le sentait souvent seul, bien qu’il fût entouré d’affections les plus fidèles et les plus exceptionnellement dévouées. Il était jaloux, il s’imaginait qu’on le trompait, qu’on le trahissait, qu’on l’abandonnait. Ses critiques étaient affectives, brutales, mais elles avaient toujours l’accent de l’amour blessé, aussi les comprenait-on, aussi étaient-elles pour nous des critiques fécondes. C’est que, au fond de lui, il y eut toujours un enfant persistant et je crois bien que cet enfant, que Jouvet était resté, vécut presque toute sa vie dans la peur.
La peur est un sentiment très valable. Plus on est sensible et intelligent, plus on pénètre dans l’obscurité des choses, et plus il est normal d’avoir peur. Jouvet vécut dans la peur de la mort comme dans la peur de se tromper. Et quel courage il faut, et quelle passion aussi, pour s’obstiner à s’exposer, alors que, par sensibilité exceptionnelle, on vit constamment dans la peur. C’est cette peur, ce doute, cette inquiétude qui consumèrent Jouvet.
[…]
La disparition de Jouvet a fait de notre profession une sorte de famille d’orphelins. Nous aurions tant voulu que Jouvet vive encore longtemps, non seulement parce que nous l’aimions et parce que c’était l’un des êtres les plus attachants qui soient, mais aussi parce que tant qu’il vivait nous avions une mentalité de fils, nous pouvions considérer qu’on avait le temps encore d’apprendre beaucoup de choses. Aujourd’hui qu’il a disparu, on a cette impression pénible d’être trop jeunes pour assumer la responsabilité de gérer une entreprise trop grande pour nous. […]
Extraits tirés de
Images de Louis Jouvet
Préface de J.L. Barrault
Editions Emile-Paul Frères
1952
Drôle de drame -Louis Jouvet
Jean-Louis Barrault né en 1910, Louis Jouvet en 1897, Ils auront tourné 2 films ensemble en 1937 – Drôle de drame et Salonique nid d’espion
Au théâtre en 1949 – Les Fourberies de Scapin
Drôle de drame : Louis Jouvet et Jean-Louis Barrault – William Kramps, le tueur de bouchers
Drôle de drame – Jean-Louis Barrault
Delius, dessinateur Français d’obédience « Ligne Claire », auteur de bande dessinée, illustrateur pour la presse, l’édition, féru d’architecture « Streamline » et inconditionnel de l’école de Dessau.. Son coup de crayon fait tout de suite penser à Edgar P. Jacobs, mais dans un style plus épuré. La « ligne claire », héritée de l’école Hergé. Un trait reconnaissable qui a valu à Delius de commencer dès l’âge de 16 ans dans des magazines pour la jeunesse, tels que Triolo ou Fripounet et Marisette. Aujourd’hui, le quadragénaire se partage entre des illustrations de communication et des collaborations pour la biennale de l’Art déco à Bruxelles ou des livres.
Son Blog :
http://delius-dessinateur.blogspot.fr/2010/11/louis-jouvet-diptyque-1.html
Delius, Louis Jouvet , couleur alternative
Delius, Jouvet, à dominante bistre
« Copie conforme » à point nommé, en coutumière déclinaison chromatique d’allégeance Pop Art, révérence à l’interprète légendaire du « Quai des Orfèvres » de Henri-Georges Clouzot.
Delius, Jouvet, à dominante sépia nocturne
Delius, Jouvet, illustration originale quadrichromie
Louis Jouvet est une figure majeure dans l’histoire du théâtre de la première moitié du XXe siècle. En compagnie de Gaston Baty, de Charles Dullin et de Georges Pitoëff avec qui il fonde le « Cartel des Quatre » en 1927, il incarne et met en œuvre l’héritage de Jacques Copeau dont il est par ailleurs l’assistant à partir de 1913, travaillant avec lui au théâtre du Vieux-Colombier jusqu’en 1922. Grâce à Copeau, qui participe avec d’autres artistes et intellectuels du grand mouvement de renaissance d’un théâtre d’art au tournant des XIXe et XXe siècles, émerge en effet la conception d’un théâtre exigeant, qui rompe avec le théâtre à visée divertissante et commerciale. L’aventure commencée au Vieux-Colombier promeut un théâtre qui se mette de nouveau au service des grands textes de la littérature dramatique, qui s’ouvre aux auteurs contemporains et aux dramaturges étrangers, qui tente sans relâche d’éduquer simultanément les acteurs et le public en leur inculquant la connaissance et le goût de la beauté, de la perfection artistique.
Louis Jouvet concrétise ces aspirations. Il est un homme de théâtre complet, acteur fascinant, metteur en scène et directeur de théâtre, connaissant tout du métier et y ayant exercé toutes les fonctions avec la même passion et la même rigueur. Vouant sa vie à cet art, il en poursuit inlassablement le mystère, à travers le jeu, les mises en scène, mais aussi ses essais, Témoignages sur le théâtre et Le Comédien désincarné, qui figurent parmi les textes les plus importants consacrés à l’analyse de la pratique du comédien. À l’instar de Copeau, Jouvet sonde assez profondément le théâtre pour comprendre la vanité de toute théorie. En revanche, il est attentif à la formation de l’acteur et enseigne au Conservatoire. Après avoir installé sa troupe au Théâtre des Champs-Élysées, il dirige à partir de 1935 le Théâtre de l’Athénée, qui prend son nom, et où il demeure jusqu’à sa mort. À la même date, il présente Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains, et attache à jamais son interprétation au personnage principal qu’il jouera 1500 fois. Il met également en scène, en 1936, dans une scénographie devenue célèbre et des décors de Christian Bérard, L’École des femmes, où il joue Arnolphe. S’il monte beaucoup Molière (notamment Dom Juan en 1947 et Tartuffe en 1950), il s’ouvre aussi aux auteurs contemporains (Claudel, Sartre, Genet) et étrangers. Mais la vraie rencontre artistique s’effectue avec Jean Giraudoux, qui devient le grand auteur dramatique de l’entre-deux guerres et dont il crée de très nombreuses pièces dès 1928 et jusqu’en 1945. Cette année-là, il signe sa dernière mise en scène d’une nouvelle œuvre de Giraudoux, La Folle de Chaillot, qui fait à nouveau date dans les annales du théâtre et où il joue le rôle du chiffonnier.
Marion Chénetier-Alev , auteur de : Le texte critique : expérimenter le théàtre et le cinéma aux XXème-XXIème siècles, paru en août 2013 aux presses universiataires François Rabelais
Réalisation Françoise Camar
Nous parlons aujourd’hui d’une grande personnalité du 20ème siècle : Louis Jouvet, acteur, metteur en scène, directeur de théâtre, né en 1887 et mort en 1951. Mais ce qui nous intéresse avec Jouvet, c’est surtout l’enseignant, le Jouvet professeur au Conservatoire National Supérieur d’art dramatique dont l’expérience va servir de point de départ à une émission qui se glissera jusqu’aux portes des écoles de théâtre actuelles, leur structure, leur nature, et les polémiques qui entourent leur avenir plus ou moins proche. Avec nous sur France Culture, Brigitte Jacques, metteur en scène de Elvire Jouvet 40, spectacle mythique qui réunissait Philippe Clèvenot et Maria de Medeiros, incarnant, le premier Jouvet, la seconde, une jeune élève à l’œuvre dans une scène de Don Juan. Avec nous encore, Daniel Mesguich, actuel directeur du Conservatoire à Paris et auteur d’un livre d’entretiens réalisés avec Rodolphe Fouano, « Je n’ai jamais quitté l’école », paru chez Albin Michel, et enfin, Jean-Yves Ruf, directeur de la Manufacture, Haute école nationale de théâtre Suisse Romande.
Deviens qui tu es.
SAINT AUGUSTIN.
Nous ne connaissons pas notre visage authentique, encore moins celui d’autrui. La vie terrestre, telle que les hommes l’ont façonnée, y pose un masque de bienséance, y inscrit parfois nos passions ou nos maladies. Or, comme le tableau de basse époque, décapé, révèle à l’amateur émerveillé un Primitif ignoré, quel médecin discernera notre âme sous les couches de crasse charnelle, de temporelles inutilités ; quelle mystérieuse Véronique nous tendra le voile où le visage du Christ doit inéluctablement, si nous sommes de vrais vivants, substituer aux nôtres, ses traits ?
On détecte davantage, à l’expression d’un acteur, ses rôles, que sa personnalité humaine ; mais fort peu d’entre nous, acteur ou non, présentent à découvert les reflets de cette montée au Golgotha qui imprègne la destinée de toute créature.
La figure célèbre – dirais-je populaire – de Louis Jouvet échappe imperceptiblement à cette loi du secret. De curieuses interférences entre l’acteur, l’homme et son âme, dégagent des lueurs de vérité : nous allons essayer de saisir les données acquises d’un être dont, entre tous, l’évolution fut constante. Des recoupements nous éclaireront peut-être, car le masque superficiellement impassible de Jouvet n’abrita point une personnalité unie, d’une pièce, mais au contraire complexe à l’extrême.
Un matin de 1951, l’église Saint-Germain-l’Auxerrois s’emplissait d’une foule de fidèles, dont beaucoup étaient des artistes réputés. Comme chaque année, la cérémonie des Cendres, instituée selon le vœu de Willette, se déroulait.
En brisant son crayon malicieux pour s’envoler vers d’autres féeries, le charmant dessinateur que ses farandoles de pierrots et de pierrettes firent surnommer le « Watteau montmartrois », exprimait le désir que les Cendres fussent posées au front des artistes au cours d’une messe spéciale. Ils se souviendraient alors que si l’Art élève souvent aux lisières divines celui qui l’exerce, ce dernier demeure cependant un grain de poussière, prompt à se dissoudre dans l’infini de la création. Le bon Willette avait, dès 1914, composé le texte d’une prière à l’intention de ceux qui mourraient dans l’année. Ce touchant office devint effectif en 1926, à la mort de Willette 1.
L’usage veut que la prière soit lue par une des notoriétés présentes. Or, en 1951, Louis Jouvet acceptait à son tour cette fonction.
Avant d’accomplir sa tâche, Jouvet fut saisi d’une transe mystérieuse ; il se trouvait à côté du Père Carré qui lui tenait les mains, et elles tremblaient. Était-ce donc, cette lecture, une si forte émotion pour l’interprète de tant de rôles ?
Dans l’esprit et le cœur du grand comédien, des courants inconnus s’entrecroisaient, dont il n’eût pas clairement expliqué le remous.
Cependant, quelques mois après avoir prêté sa voix à la prière de Willette, comme si sa longue silhouette funambulesque incarnait le Pierrot des ultimes Cendres, Louis Jouvet mourait subitement. On le savait cardiaque. Dès 1915, son cœur donnait des traces de faiblesse, il se savait atteint dès avant la guerre de 1939.
Inquiet, hanté certes, de l’idée de la mort, il voulut d’abord renoncer à sa tournée de 1950, en Amérique : il s’y décida par patriotisme, sur les instances du Gouvernement qui déplorait, s’il ne partait pas, que la France ne fût pas représentée outre-mer, cette année-là.
Il se fatigua ; dopé de drogues, selon la superstition de ses études pharmaceutiques de jadis, il eut néanmoins des syncopes, et prit, avec son fils et son secrétaire, des dispositions testamentaires. Les syncopes se renouvelèrent, lorsque, de retour, il consentit à tourner l’Histoire d’Amour, son dernier film. Il avait résolu d’y renoncer, mais le producteur aux abois comptait sur lui. Jouvet, pitoyable, céda.
Le public cherche son plaisir, exige ses vedettes préférées et ne se doute pas toujours au prix de quels efforts meurtriers elles se dépensent quotidiennement.
Né en Bretagne par hasard, mais de souche limousine par son père, et ardennaise par sa mère, Louis Jouvet, tôt orphelin de ce père, fut élevé par une mère d’intelligence et de piété remarquables. Il en reçut l’influence et poursuivit ses études, commencées à Lyon chez les Frères Maristes, dans ce même collège Notre-Dame, à Rethel, où Verlaine avait été professeur. Éducation foncièrement chrétienne, certes, que Jouvet enrichira plus tard de tourments intérieurs, de questions ; prémices d’une conversion, car les idées reçues constitueraient peu de chose sans l’adhésion volontaire.
Louis Jouvet, épris de théâtre, quitta les facilités où l’entraînaient deux oncles pharmaciens, un troisième, médecin. On dénicherait son nom au bas des distributions de l’Odéon d’Antoine, mais la rencontre de Jacques Copeau, en 1912, contresigna sa vocation.
Jacques Copeau, précurseur, père du Théâtre contemporain, de forte conviction catholique, de fine culture, rêva de bouleverser les arts de la scène par une mystique idée profonde qui retrempait le fleuve dévoyé aux puretés glaciaires des sources ; elle rejoignait la ferveur quasi monacale pressentie par Mounet. On apprécie, dans une tendre et enthousiaste correspondance (1914-1916), publiée dans les Cahiers de la Compagnie Madeleine Renaud – Jean-Louis Barrault (cahiers II et VII), l’envergure des projets du maître et la confiante admiration du disciple. Or, le Vieux-Colombier, parti en flèche, croulait inexplicablement en 1924. Éternelle et noble velléité d’Icare : l’intransigeance de Copeau n’acceptait ni compromissions ni diminution de son idéal ; il se retira. Confiné dans une étude théorique du Théâtre, il se résigna à demeurer un drapeau, à se réaliser par le prolongement de ses disciples. Instigateur d’un Théâtre catholique qui, malgré d’éparses tentatives, n’a jamais existé, Jacques Copeau reste pourtant un des grands conciliateurs entre l’Église et le Théâtre.
Plus que pour quiconque, cette défaite constitua pour Jouvet un effondrement : donc, on ne pouvait rien tenter qui tirât l’art du bourbier commercial ou des routines ; il fallait s’en tenir aux recettes éprouvées du boulevard !
Jacques Hébertot, mécène-né, ouvrit généreusement à Jouvet, comme à Baty et à Pitoëff, la Comédie des Champs-Élysées. Jouvet y entreprit avec sagesse une éclatante carrière personnelle. L’artiste, toutefois, demeurait blessé : « Tous, tant que nous sommes, déclarait-il, nous ne ferons jamais que du Copeau ! »
Au milieu des houles, attelé à la tâche, Jouvet s’écartait des prospections spirituelles. Au début de sa carrière, le courant n’était pas interrompu : pendant la guerre de 1914, mobilisé, il lisait saint François d’Assise ; un rapprochement s’opérait entre la fraternité des compagnons du saint et la communauté artistique imaginée par Copeau ; il priait sans doute, il communiait. Plus tard, on le vit simplement demeurer respectueux des choses de la religion, comme disent les bonnes gens qui craignent de s’engager.
Il paraît intéressant de risquer un coup d’œil sur le caractère même de Louis Jouvet. On y notera de curieuses étapes : « Je ne serai jamais un grand acteur et ça m’est bien égal », écrivait-il à Copeau qui l’avait initialement engagé comme régisseur. Affirmation doublement fausse, mais à son insu : il deviendra un grand acteur et il le souhaitait sans oser y croire. Modestie, humilité peut-être, timidité sûrement, mais surtout complexe d’infériorité. Jouvet, artiste tendre et sensuel, – de cette sensualité cérébrale qui est la pire, – n’était pas beau, or il se croyait laid : il fuyait ses yeux obliques, son maigre visage asymétrique, vaguement asiate. Il se composait à la ville une personnalité sardonique, voire satanique. À la scène, il se réfugiait derrière le masque du grime et du farceur, il se dissimulait sous l’artifice du maquillage. En dépit d’une inclination aux hautes expressions (il m’a avoué qu’il avait joué la tragédie, en ses débuts obscurs), il se vouait aux fantoches et aux ganaches.
On vit, je crois bien pour la première fois, et sur la formelle insistance de Jules Romains, sa tête telle que la nature l’avait faite, dans Knock, mais passée à un enduit rigide d’impassibilité.
Louis Jouvet, cependant, évoluait : le monde entier contribue à former un être ; ni ses succès ni sa vie passionnelle ne restèrent étrangers aux métamorphoses qui s’opéraient en lui. J’ai connu un Jouvet aimable et courtois. La seconde rencontre de son existence, celle de Giraudoux, fut providentielle. Au cours des manifestations d’un œuvre chatoyant et poétique, il osait désormais insinuer sa sensibilité propre, jouer le visage nu. Il avait d’ailleurs changé physiquement ; la maturité, puis l’âge venu, il cachait des années, sa silhouette efflanquée de jadis le laissait svelte. Son âme accomplissait un cheminement souterrain sans presque s’en apercevoir ; elle nuançait, sculptait son visage par l’intérieur ; à soixante ans passés, dans Don Juan, sans truquage, sans postiches, il était devenu beau.
La maladie affine les hommes : or, une étroite connexion enchaînait de liens compliqués la maladie cardiaque croissante de Jouvet à celle d’une âme en proie aux affres d’une vie menacée. L’angoisse le tenaille ; est-il permis de suggérer que Là-haut sa mère poursuivait son enseignement, veillait sur lui ?
Les essais de conversion d’un homme comme Jouvet, capable de s’examiner sans complaisance, ressemblent au roulement du rocher de Sisyphe. Considérons que nous sommes tous gavés de péchés ; rappelons la mémoire de nos redressements et de nos rechutes : nous nous ferons une idée du décourageant itinéraire que dut subir le grand comédien.
Or, Dieu le maintenait fermement. Il assista de nouveau à des messes (à l’Union Catholique, notamment) ; il s’entretint avec des religieux ; un jour, son secrétaire, vidant les poches d’un costume, avant de le ranger, trouve un chapelet.
Un immense désir de bonté, de charité, naît et consacre le vrai Jouvet. On conte deux historiettes touchantes et cocasses. Son ami, le Père Laval O. P., malade et immobilisé à l’hôpital, lui confie avec appréhension que, faute d’un secours immédiat, un mauvais garçon repentant auquel il s’intéresse risque de retomber. Jouvet ne dit rien mais envoie le lendemain un chèque de cinquante mille francs.
Dans un restaurant où il déjeune avec Henri Jeanson, il réclame le maître d’hôtel qui le sert habituellement ; le malheureux est absent, désespéré du lâchage d’une femme aimée. Jouvet ira lui-même trouver la belle capricieuse au fond d’un faubourg, il la convaincra et la ramènera à l’amant éploré.
Enfin, nous arrivons de nouveau à cette cérémonie des Cendres où le tremblement qui agitait ce jour-là le grand comédien dépassait la notion d’un intersigne : Louis Jouvet, bouleversé, sentait la présence de Dieu dans son restant de vie terrestre et dans l’avènement de sa vie éternelle. Au milieu de cette assemblée fraternelle d’artistes, ce Dieu qu’il recommençait à chercher passionnément se révélait à lui, à l’heure où Jésus passait une dernière journée de paix humaine au milieu de ses disciples et des êtres qu’il aimait.
À la messe de Willette, Louis Jouvet attestait publiquement sa conversion et signait, sans le savoir, son retour à la maison du Père.
Parallèlement, son évolution d’acteur apporte un éclatant témoignage. Depuis longtemps déjà, Jouvet revenait de plus en plus aux grandes architectures des Classiques. Molière, le comédien traqué entre l’Église et le Théâtre, le hantait ; il y satisfaisait une ambition, une secrète aspiration.
Certes, au temps du Vieux-Colombier, il avait figuré un Sganarelle pittoresque ; plus tard, il exprimait avec bonheur la jalousie sensuelle d’Arnolphe ; les personnages du plus tragique dessin l’attiraient. Il aurait aisément réalisé Harpagon et renouvelé Alceste, mais une volonté spirituelle lui désignait les figures torturées par leur dualité. Des raisons aux racines profondes le déterminèrent à choisir Don Juan puis Tartufe. Pour ce grand acteur travaillé par un besoin éperdu de conversion, les dépouilles grimaçantes de ces deux rôles cachaient une vérité religieuse.
La critique jugea incomplet ce Don Juan d’allure baudelairienne : Jouvet n’allait pas aux limites du séducteur satanique. Pour Tartuffe, conséquence logique de la tirade précédente sur l’hypocrisie, on fit la même réflexion. Louis Jouvet, l’âme en désarroi, étouffait entre deux spectres qui lui décelaient les défaites où chacun de nous se dissimule.
Je rencontrai pour la dernière fois Jouvet, toujours au cours de cette cruciale année. Il jouait chaque soir l’imposteur et venait écouter une conférence du Père Carré sur les abîmes du personnage. Conférence étonnante et dont Jouvet s’avoua bouleversé. Nous avions entendu l’éminent dominicain dénoncer les menues complaisances, les commodités quotidiennes où nous nous engluons. Il ne s’agit pas de ce peuple du péché à qui on ne saurait en somme reprocher le refus d’un Dieu auquel il ne croit pas ; mais, sitôt qu’un être franchit la frontière de la Croyance, se prétend rangé sous la loi du Christ, s’il donne encore des gages aux ténèbres du péché, la conséquence devient terrible. Il abrite d’une carapace bienséante le refus de la Grâce, il connaît l’odeur, la densité du péché, il accepte la fraude.
Le visage de Tartufe se plaque dès lors sur son visage, masque de chair indélébile, insulte au soleil de Dieu. Risque effrayant dont, tous, nous sentons le frôlement, l’incitation luciférienne dans le fond même de notre âme tavelée par ses origines peccamineuses.
Ève Lavallière, frappée par l’affirmation de l’existence du diable, a connu la nécessité de fuir en direction opposée : Tartuffe, c’est le diable : nous le devenons, sans ce retournement total qu’exige la Conversion.
Hélas ! cette rigueur, la transparence des âmes, cette neige inaccessible aux attouchements du temporel, comment les acquérir et s’y maintenir, quand on vit dans le siècle ? Moins assaillis peut-être (ce n’est pas certain), au fond d’un cloître, les tentations spirituelles surgiraient alors : ce ne sont pas les moindres ; le péché contre l’Esprit demeure seul imperméable à la Miséricorde divine.
Mme Dussane remarque que Jouvet travaillait Tartuffe à la lueur de Bernanos, et que si l’on envisage avec insatisfaction le résultat, ce demi-ratage garde plus de prix qu’une réussite. Il logeait, certes, son personnage dans une aire intérieure, dévastée, dessillée. Mme Dussane note également, par analogie aux guérisons miraculeuses, les maladies miraculeuses, cures de l’âme en danger. Elle précise, selon son intuition de femme et sa science de comédienne, que Jouvet survivant eût jalonné les étapes de sa conversion par le choix des œuvres et des rôles.
On appuiera cette impression sur une déchirante parole prononcée par Jouvet dans ses ultimes jours. Il mettait alors en scène une adaptation de La Puissance et la Gloire de Graham Greene. Il avait choisi d’y jouer le prêtre coupable mais accroché au sacerdoce. Comme son vieil ami Léon Chancerel s’étonnait que cette création fût une adaptation :
– Vous ne recevez donc pas de manuscrits de pièces intéressantes ?
– J’ai des piles de manuscrits, répondit Jouvet, mais une pièce moderne et une autre pièce moderne, c’est toujours la même histoire. Maintenant, je ne peux plus jouer que des pièces pour lesquelles je pourrais mourir !
On connaît la suite. Au cours d’une répétition, Louis Jouvet fut terrassé. Il mourait en pleine ouverture d’âme sur la Lumière divine, modifiant de jour en jour sa vie, ce qui constitue les fins de la Conversion. Entré dans les Ordres, son profond combat intérieur l’eût porté vers les religieux contemplatifs ; demeuré dans le monde, il honora une carrière moins éloignée, redisons-le, qu’on ne le croit, de la vocation apostolique ; mais, pour parer aux écueils des pires séductions, Dieu lui donna – selon l’admirable expression de Mme Dussane –, une grâce d’inquiétude.
Il faut constater une présence de Louis Jouvet parmi nous. Certes, son œuvre est vivante, sa voix vibre à nos oreilles, on le revoit dans les films ; mais il ne s’agit pas de cette présence intellectuelle et même mécanique. La permanence de Jouvet tient dans les démarches non encore accomplies de sa conversion. Laissons l’acteur dans le panthéon du Théâtre ; mais l’homme qui nous ressemble tant, avec ses atermoiements devant les longues patiences de Dieu, avec ses élans et ses chutes, appartient à cette atmosphère qui nous enveloppe comme un brouillard fraternel, comme un rideau de protection. Les êtres qui ont quitté brusquement notre monde y rôdent parfois encore, âmes nostalgiques, avides de nos prières ; âmes aussi que nous n’entendons guère et qui, pourtant, voudraient transmettre leur message. Nous devons tenter de le traduire et d’y puiser un enseignement.
PAUL-COURANT, Des planches… à Dieu,
Librairie Arthème Fayard, 1956.
Régisseur, comédien, metteur en scène, professeur, directeur de théâtre, Louis Jouvet n’a jamais cessé de consigner ses réflexions sur le théâtre dans d’innombrables livres, notes, conférences, cours, ensemble qui montre en quoi cet acteur reconnu, artisan du théâtre, est également un de ses penseurs les plus féconds au XXe siècle.
Le projet « Louis Jouvet, artisan de la scène, penseur du théâtre » a pour ambition d’engager une vaste réflexion sur les conditions concrètes d’exercice de son art. Le colloque international organisé à Paris du 23 au 25 mars 2015 sera ainsi l’occasion de révéler certains aspects du vaste corpus conservé à la BnF. Il prendra la forme d’un dialogue entre chercheurs et artistes, et illustrera l’actualité des textes de Louis Jouvet. Grâce à un partenariat inédit entre des institutions scientifiques, Radio France et l’INA, il a l’ambition d’être un des premiers actes de la redécouverte d’une œuvre essentielle et captivante.
Réservations obligatoires en raison du plan Vigipirate :
– Lundi pour le Théâtre Athénée Louis-Jouvet, garantie jusqu’à 10 heures
– Mercredi soir pour la dramatique radiophonique à Radio France à 19h30
Sinon, réservation conseillée : colloquelouisjouvet@gmail.com
Programme_Colloque_Jouvet.pdf (893.61 KB)
En 1940, après l’arrivée des Allemands à Paris, les limites imposées à la troupe par les occupants deviennent insupportables à Louis Jouvet. Il décide donc d’emmener la troupe en tournée, en Suisse d’abord, puis en Amérique latine. Charlotte accompagne la troupe mais lorsque le Patron décide de ne pas rentrer en France, en septembre 1941, elle refuse de le suivre et, seule, rentre en France où elle retrouve Georges Dudach, entré dans la clandestinité. Rattaché au réseau Politzer, il s’occupe notamment des aspects techniques de publication de la revue clandestine La pensée libre. Pour le compte du Comité National des Ecrivains qui donnera naissance aux Lettres Françaises, il est également le lien avec Louis Aragon et Elsa Triolet, réfugiés en zone libre. A son retour d’Amérique latine, Charlotte prend sa place dans le réseau. Elle est officiellement chargée de l’écoute de Radio Londres et Radio Moscou, de la dactylographie des tracts et revues. Actions qui lui vaudront, après la guerre, d’être homologuée adjudant-chef au titre de la résistance française.
Charlotte Delbo
Le 2 mars 1942, cinq policiers des brigades spéciales font irruption dans leur studio du 93 rue de la Faisanderie. Ils tombent dans un vaste coup de filet qui décapite le mouvement intellectuel clandestin du PCF. Avec eux sont arrêtés Georges et Maï Politzer, Danielle Casanova, Jacques Decour, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Marie-Elisa Nordmann et beaucoup d’autres.
Après interrogatoires, Georges et Charlotte sont transférés à la Santé.
Dudach est condamné à mort. Le 23 mai 1942, il est fusillé au Mont Valérien. Le matin de son exécution, Charlotte peut lui dire adieu.
Le 24 août, Charlotte est transférée au fort de Romainville. Le 20 janvier, 230 déportées politiques partent pour le camp de Compiègne où, le 23 janvier au matin, elles montent dans le train qui les emporte vers Auschwitz-Birkenau.
Charlotte Delbo; Une vie une œuvre
Le 8 mars, dans le cadre de la Journée Internationale pour les droits des femmes de 2016, Charlotte Delbo sera deux fois honorée dans son arrondissement, celui du cinquième de Paris.
– à 10h45, la Ville de Paris et la Mairie du 5ème, en présence de notre association, organisent une cérémonie pour dévoiler la plaque à la mémoire de Charlotte Delbo, apposée à l’entrée de l’immeuble du 33, rue Lacepède, l’immeuble où vécu jusqu’à sa mort Charlotte Delbo.
Dans le cadre de cette première cérémonie, Claude Alice Peyrottes, la Présidente d’Honneur de notre association, évoquera la vie et l’œuvre de Charlotte Delbo.
– A 18h30, la Mairie du 5ème arrondissement et notre association organisent la conférence :
‘Charlotte Delbo – L’héritage d’une femme du XXème siècle’, à la Mairie du 5ème Arrondissement.La conférence sera ponctuée de lectures de textes de Charlotte Delbo et de moments musicaux.
La conférencière est Elisabetta Ruffini, Directrice de l’Institut d’histoire contemporaine et de la Résistance de Bergame (ISREC), spécialiste de Primo Levi et de Charlotte Delbo, elle viendra spécialement d’Italie pour cette conférence.
Les deux lectrices sont Claude-Alice Peyrottes, Présidente d’Honneur de notre association, actrice, Directrice de la compagnie théâtrale Bagages de sable et Magalie Chiappone-Lucchesi, docteur es lettre, spécialiste de l’œuvre de Charlotte Delbo.
Le musicien est Monsieur François Veilhan, vice-président de notre association, spécialiste de la musique contemporaine, concepteur de projets croisant musique, art et littérature, flutiste et professeur.
A cette occasion, la Mairie du 5ème arrondissement, apposera un calicot en hommage de Charlotte Delbo sur la façade de la mairie face au Panthéon.
Epilogue d’une aventure culturelle et juridique de plus de 5 ans, la version numérisée du film de René Hervil « Knock ou le triomphe de la médecine » (1925), en très grande partie tourné à Uzerche, a été remise à Sophie Dessus, Maire de la ville. C’est Alain Besse,
Responsable Secteur Diffusion de la CST (Commission Supérieure Technique de l’image et du son, qui intervient notamment au Festival de Cannes) en personne qui a remis à Sophie Dessus et Jean-Paul Grador, premier adjoint, la copie numérisée du film « Knock ou le triomphe de la médecine » de 1925 tourné à Uzerche. L’histoire débute en 2010, où, un peu par hasard, Alain Besse parle à Sophie Dessus d’une version du film Knock qui aurait été tourné à Uzerche. À peine l’existence de ce film évoquée, une équipe de passionnés, à laquelle participe également Marc Wilmart — Président de la Cinémathèque du Limousin, se forme et met tout en œuvre pour en récupérer une copie : début 2011, la Cinémathèque Française accepte de mettre à disposition de la ville d’Uzerche les bobines de film le temps d’un week-end où les Uzerchois découvrent sur l’écran du cinéma municipal Louis Jouvet, La Perle du Limousin telle qu’elle était dans les années 20, ainsi que les habitants de l’époque dans les rôles de figurants.
Au-delà de l’intérêt du film en lui-même, les très nombreux plans en extérieur sont un véritable trésor historique qui s’offre aux spectateurs. À l’issue de la projection et face à l’enthousiasme général, la municipalité décide donc d’en obtenir une copie à des fins d’archives. Mais tout trésor a un prix. Et celui du trésor uzerchois en sera la complexité administrative : en effet, l’œuvre précieusement conservée aux archives du Centre National du Cinéma fait l’objet d’un très complexe imbroglio juridique autour de ses droits, qui nécessitera de nombreuses interventions de la part d’Alain Besse pour l’aspect technique de la numérisation et d’un avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle pour le côté juridique ; l’aspect administratif étant lui géré par les élus et le personnel de la commune. C’est donc après 5 ans de bataille et de ténacité, et de nombreux rebondissements que les Uzerchois sont à nouveau en mesure d’apprécier l’œuvre cinématographique de 1925 tournée au cœur de leur cité. Il se murmure par ailleurs qu’une manifestation spéciale autour de l’événement pourrait être organisée dès l’automne prochain… C’est en 2011, au cinéma municipal Louis Jouvet, que fut organisée la soirée « Knock ou le triomphe de la médecine », film de 1925 tourné à Uzerche, aujourd’hui numérisé et remis des mains d’Alain Besse (à droite) aux élus de la ville Sophie Dessus, maire, et Jean-Paul Grador, premier adjoint.
En hommage à Sophie Dessus, maire d’Uzerche et députée de la Corrèze décédée le jeudi 3 mars 2016, à l’âge de 60 ans. Elle a succombé à un cancer. Née dans les Hauts-de-Seine en 1955, elle était originaire du Limousin où elle a effectué ses études et réalisé toute sa carrière politique.
Fabrice Luchini : interview spéciale Louis Jouvet (17 mn • mars 2016 • livre « Comédie française »).
Luchini n’est pas le seul participant, il intervient en seconde partie.
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