Théâtre de l’Athénée: 1934- 1951
- 1934 : Tessa, la nymphe au cœur fidèle adaptation Jean Giraudoux d’après Basil Dean et Margaret Kennedy : Lewis Dodd
Été 1934, Louis Jouvet quittait la Comédie des Champs-Élysées pour prendre la direction de l’Athénée. Il inaugura son théâtre avec une reprise d’ Amphitryon 38, le temps de mettre en scène l’adaptation par Jean Giraudoux de Tessa, la nymphe au cœur fidèle, des auteurs britanniques Margaret Kennedy et Basil Dean. Occasion pour Louis Jouvet d’offrir le rôle principal à la jeune comédienne Madeleine Ozeray dont il était tombé amoureux. La pièce, accompagnée d’une musique de Maurice Jaubert, fut un succès que partagea Jean Giraudoux : « À un couplet, à une cruauté pointue, à une fantaisie qui fuse et s’éteint aussi vite, à des attendrissements pudiques comme aux mots drôles qui ne sont jamais bas, on reconnaît Jean Giraudoux »
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1934 : Amphitryon 38 de Jean Giraudoux : Mercure (louis Jouvet)
Présentation nouvelle et version remaniée de la pièce crée le 8 novembre 1929 à Comédie des Champs-Élysées (Paris)
Interprètation :
Pierre Renoir (Jupiter)
Louis Jouvet ffon (Leda)
Paul Oettly (Amphitryon)
Scnénographie et costumes
A. M. Cassandre
- 1935 : Supplément au voyage de Cook de Jean Giraudoux : Outourou
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1935 : La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, Théâtre de l’Athénée : Hector
Jouée la première fois le 22 novembre 1935 au Théâtre de l’Athénée sous la direction et avec Louis Jouvet, cette œuvre cherche à déchiffrer les motivations fratricides de la future Seconde Guerre mondiale, comme un avertissement. L’auteur y met en relief le cynisme des politiciens ainsi que leur manipulation des symboles et de la notion de droit. La pièce met en lumière le pacifisme de Giraudoux qui avait combattu en France et à la bataille des Dardanelles mais aussi sa lucidité devant « deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments »
Renée Falconetti : Andromaque
Madeleine Ozeray : Hélène
Paule Andral : Hécube
Marie-Hélène Dasté : Cassandre
Louis Jouvet : Hector
Pierre Renoir : Ulysse
Romain Bouquet : Demokos
e-book gratuit : intégralité La Guerre de Troie n’aura pas lieu
- 1936 : L’École des femmes de Molière : Arnolphe
- 1937 : Le Château de cartes de Steve Passeur
- 1937 : Électre de Jean Giraudoux : le mendiant
Renée Devillers : Électre
Gabrielle Dorziat : Clytemnestre
Madeleine Ozeray : Agathe
Monique Mélinand : Euménide
Louis Jouvet : le mendiant
Pierre Renoir : Égisthe
Romain Bouquet : le président

Gabrielle Dorziat, Louis Jouvet- Photo Getty
Électre est une pièce de théâtre en deux actes de Jean Giraudoux, représentée pour la première fois le 13 mai 1937 au Théâtre de l’Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet. Agamemnon, Le Roi des Rois, a sacrifié sa fille Iphigénie aux dieux. Son épouse, Clytemnestre, aidée de son amant, Egisthe, l’assassine à son retour de la Guerre de Troie. Oreste, le fils est banni. Reste Électre, la seconde fille : « Elle ne fait rien, ne dit rien. Mais elle est là ». Aussi Egisthe veut-il la marier au jardinier du palais afin de détourner sur « la famille des Théocathoclès tout ce qui risque de jeter quelque jour un lustre fâcheux sur la famille des Atrides ». Sur ce grand mythe de l’Antiquité, Jean Giraudoux a écrit sans doute sa meilleure pièce. Electre possède une force tragique surprenante, sans jamais perdre cet esprit étincelant, cet humour qui ont fait de Jean Giraudoux l’un des plus importants dramaturges du xxe siècle.
Mariamme Merlo :
Jean GIRAUDOUX écrit Electre en 1937, pour le théâtre et la troupe de Louis JOUVET. A cette époque, l’activité du cartel – BATY, DULLIN, JOUVET, PITOEFF – est très importante, leur théâtre est politique et se développe en s’opposant aux théâtres des boulevards qui jouent essentiellement du vaudeville. GIRAUDOUX pense que le théâtre est « une assemblée générale : le théâtre doit détourner tous les maux de notre société par le spectacle ». Il se sert du mythe d’Electre pour critiquer la société dans laquelle il vit. La solution politique qu’il choisit officiellement en 1939 dans son livre « Les pleins pouvoirs » c’est le nationalisme et la valorisation de « la race française ». La France vivra « Les pleins pouvoirs » du Maréchal Pétain quelques mois plus tard. Electre est écrite trois ans plus tôt, GIRAUDOUX y fait s’opposer deux types de pouvoirs, d’un côté la vérité, la pureté absolue d’Electre qui nous évoque les régimes totalitaires et intégristes, de l’autre le compromis absolu d’Egisthe, qui évoque singulièrement la collaboration du régime de Vichy. La pièce est vive, brillante, traverse de nombreux styles théâtraux, du vaudeville à la pièce policière. Ce mélange fut très critiqué par les journalistes à la création de la pièce, c’est pourtant ce qui semble faire la saveur de cette « curieuse tragédie bourgeoise », qui quoi qu’il en soit ouvre le débat politique et théâtral. » Mariamme Merlo
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1937 : L’Impromptu de Paris de Jean Giraudoux : lui-même
- 1935 : La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, Théâtre de l’Athénée : Hector
- 1938 : Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains : Knock
- 1938 : Le Corsaire de Marcel Achard : Frank O’Hara et Kid Jackson
- 1939 : Ondine de Jean Giraudoux : Chevalier Hans
4 mai 1939 alors que Jean Giraudoux venait de publier Pleins Pouvoirs, ouvrage politique à la gloire de la France et de ses fils, le rideau se levait au théâtre de l’Athénée sur Ondine – adaptation de Undine, récit poétique de l’auteur allemand Friedrich de la Motte-Fouqué, dont l’étudiant Giraudoux avait dû faire un commentaire lors de son diplôme supérieur d’allemand – « Jamais le thème de la séparation, de l ‘amour, de l’absence, de la mort ne m’a paru plus insupportable » écrira quelques vingt-cinq ans plus tard Eugène Ionesco. En effet, pour Hans , un chevalier, simple mortel, aimer et être aimé d’une Ondine, jeune divinité nordique, cela ne pouvait que le condamner à mort. Louis Jouvet désirait présenter le spectacle dans une ambiance de totale féérie, Il confia donc au peintre Pavel Tchelitchew décorateur des ballets russes, « … un mystique, un poète du théâtre… » le soin de concevoir les maquettes des trois actes.
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1945 : La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux : le chiffonnier
La Folle de Chaillot est créée au Théâtre de l’Athénée le 22 décembre 1945, un an après la mort de Giraudoux en janvier 1944, par Louis Jouvet à son retour d’Amérique. Le rôle principal (Aurélie, la folle de Chaillot) est alors interprété par Marguerite Moreno qui l’a inspiré, tandis que Jouvet joue le rôle du Chiffonnier. La musique de scène est d’Henri Sauguet et les décors et costumes de Christian Bérard.
Louis Jouvet avait une grande admiration pour son interprète, Marguerite Moreno alors âgée de 75ans.
Elle se déplaçait difficilement en s’appuyant sur une canne. Elle se faisait porter de sa petite voiture automobile à sa loge qui se trouvait sur la scène. Certains jours, elle souffrait tellement des jambes que monter les escaliers du théâtre lui était impossible.
En scène, sans canne, malgré son costume qui pesait près d’une quinzaine de kilos, malgré son grand âge, malgré son infirmité, malgré un trac terrible qu’elle éliminait en poussant des jurons espagnols : (« Ils sont plus forts qu’en français ! » expliquait-elle), elle retrouvait toute son aisance, toute son agilité,
Pendant les représentations, elle eut une crise de furonculose qui la rendit très malade, jamais elle ne consentit à se faire doubler.
[…]
Même morte, je jouerais » La Folle de Chaillot » ! … Ce rôle fut le triomphe de sa carrière.
Extrait de la revue Europe avril-mai 1962, p.146
- 1946 : L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel : Anne Vercors

Paul Claudel
Après deux premières versions sous le titre La Jeune Fille Violaine, L’Annonce faite à Marie (1912) a encore été reprise par son auteur tard dans sa vie. Ce » Mystère en quatre actes et un prologue « , à l’action touffue, mystérieuse, raconte l’ascension vers la sainteté de Violaine, lépreuse par charité (c’est le baiser à l’architecte Pierre de Craon), persécutée par les siens, et notamment par sa soeur Mara, abandonnée par son fiancé, et qui accomplit un miracle, sauver l’enfant de sa soeur, sans échapper pour autant à sa haine. La jeune fille, imitation de la Vierge Marie, exprime le mystère de la souffrance et de la destinée. Claudel y a mis son expérience de l’amour impossible, de la foi, et du rythme à la fois poétique et théâtral.
Monique Mélinand : Violaine Vercors
Wanda Kerien : Mara Vercors
Jean Dalmain : Pierre de Craon
Louis Jouvet : Anne Vercors
Léo Lapara : Jacques Hury
- 1947 : L’Apollon de Marsac de Jean Giraudoux : Monsieur de Marsac
- 1947 : Les Bonnes de Jean Genet, mises en scène par Louis Jouvet et présentées pour la première fois en 1947
Monique Mélinand : Solange
Yvette Etiévant : Claire
Yolande Laffon : Madame
Décors : Christian Bérard
Costumes : Jeanne Lanvin
Amaury Nauroy

Les Bonnes – Yvette Etiévant, Monique Mélinand
Le 19 avril 1947, au théâtre de l’Athénée, Les Bonnes est créé en lever de rideau d’une pièce un peu vieillotte de Giraudoux, L’Apollon de Marsac. Le public bourgeois, venu pour Giraudoux, reste muet devant Les Bonnes. « Lors de la générale, rapporte une des interprètes, il n’y a pas eu d’applaudissements », mais un « silence total […] C’était l’horreur ». Son vœu d’« établir une espèce de malaise dans la salle » a parfaitement réussi. Pour les autres représentations, il y a eu quelques quolibets, emboîtages et sifflets. En fait, jouée dans une atmosphère de véhémence politique et d’héroïsme de gauche, Les Bonnes déconcerte la critique. Si quelques rares journalistes, Dumur, Riniéri et Maulnier, soulignent « un nouveau style théâtral », la cinquantaine de comptes-rendus, que la pièce recueille, montrent leur embarras, ou carrément leur hostilité. Le 21 avril, dans Le Figaro, J.-J. Gautier la juge « impressionnante, mais déplaisante et même souvent odieuse » ; le 2 mai, dans Action, Tardieu pense qu’« il est difficile de nier la beauté, un peu pompeuse et artificielle, du style de l’auteur », mais note que le sujet est « traité de travers ».
C’est en général l’irréalité de l’intrigue qui déplaît, aggravée, il semblerait, par les décors trop réalistes de Bérard.
Amaury Nauroy pour Gallimard
- 1947 : Dom Juan de Molière : Dom Juan
- 1949 : Ondine de Jean Giraudoux : Chevalier Hans
- 1950 : Le Tartuffe de Molière : Tartuffe
- 1949 : Les Fourberies de Scapin de Molière, Théâtre Marigny : Géronte
- 1950 : L’École des femmes de Molière, Théâtre des Célestins
- 1951 : Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul Sartre, Théâtre Antoine
Pour jouer Goetz le personnage principal, Louis Jouvet, le metteur en scène et Simone Berriau, directrice du théâtre, avancèrent le nom de Gérard Philipe, mais ce dernier, trop jeune, trop lumineux, n’était pas crédible en fanfaron de vices et insulteur de Dieu. On fit donc appel à Pierre Brasseur. Par son importance, la pièce ( cinq heures de textes, onze décors, quatre-vingt trois costumes ) ne pouvait être comparée qu’ Soulier de Satin de Paul Claudel et il fut facile à la presse d’avancer le sobriquet de Soulier de Satan.
Les répétitions commencèrent le lundi 16 avril. L’enfantement fut difficile. Le texte était beaucoup trop long. Il fallait le réduire. Malgré son estime pour Louis Jouvet, Sartre se refusait à couper des tableaux; il accepta toutefois d’en amalgamer plusieurs et de supprimer un interminable monologue de Brasseur que le comédien se refusait à apprendre. La pièce finit par ne durer que… quatre heures. La réalisation des décors de Félix Labisse et des costumes de Francine Gaillard-Risler avait coûté un million et demi, somme considérable pour l’époque.
Mise en scène de Louis Jouvet ; texte de Jean-Paul Sartre
décors de Félix Labisse, exécutés par Emile et Jean Bertin
maquette des costumes de Francine Galliard-Risler interprétés par Schiaparelli
avec Jean Vilar (Heinrich), Pierre Brasseur (Goetz), Maria Casares (Hilda), Maurice Dorleac (le banquier) – père de Françoise Dorléac, et de Catherine Deneuve

Pierre Brasseur -Goetz
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